Léonce Cotinaud avait commencé à militer à Lyon avant de se fixer à Marseille au début de l’année 1886. Cette même année 1886 il était allé à Toulouse où il avait noué des relations avec Jean Paul Fourgaria. A Marseille il demeurait 5 rue des Honneurs, au 1er étage, où il habitait avec sa sœur, Amélie, et son beau-frère Henri Tricot venus également de Lyon. Ce logement servait de salle de rédaction au journal bilingue L’International anarchiste (Marseille, 4 numéros du 16 octobre au 6 novembre 1886) dont Cotinaud assurait la gérance. Le comité de rédaction était composé de L. Cotinaud, Justin Mazade, Alexandre Tressaud et Henri Tricot pour la partie française et de Nicolo Converi et Ugo Acquabona pour la partie italienne. Le journal était imprimé 21 de la rue Thiars ; et faisait la promotion du vol et de l’incendie. La rédaction avait également organisé un cycle de conférences auquel participa notamment Joseph Tortelier.
Le 21 octobre, lors d’une réunion à la Buvette du Caveau, Place d’Aix, et suite aux difficultés financières, la rédaction avait lancé une souscription qui permit la sirtie du numéro 3
C’est également dans ce petit logement que se réunissaient, le lundi et le vendredi, les membres du groupe d’Etudes sociales qui à cette époque faisait circuler à Marseille la cinquantaine d’exemplaires qu’il avait reçu de L’Indicateur anarchiste (Londres). Après la disparition du journal, Cotinaud avait continué à militer au sein du mouvement local, puis était parti pour l’Algérie où il était encore signalé en avril 1891. En Algérie il avait rejoint à Tazrout la colonie libertaire organisée notamment par Paul Regnier et André Reclus. Il y fut rejoint par Moulines dont il avait fait la connaissance à Alger.
C’est Cotinaud qui avait permis à Ferdinand Combard de déserer en lui donnant son livret militaire.
Le 12 janvier 1891 il avait écrit une lettre à ses parents où il exprimait certaines de ses idées.notamment que pour « l’ouvrier qui produit donne tout au patron… il n’y a qu’une solution la vengeance par la mitraille, le feu ou la dynamite… La terre appartient à tous… Les bourgeois sont pourris. ».
Début janvier 1894, la ferme où il résidait avait été l’objet d’une perquisition où la police avait saisi une abondante correspondance. Cette perquisition avait été faite dans la foulée de celles effectuées aux fermes de Paul Regnier à Tazrout et d’André Reclus à Tenes et dans lesquelles plusieurs compagnons — dont Xixonnet, Jean Cheitanov, Tracoll… — avaient été arrêtés. La correspondance saisie chez Cotinaud permit à la police d’obtenir certains renseignements sur les déserteurs présents à Genève et avec lesquels Cotinaud était en relations.
Cotinaud se triouvait toujours à Tazrout en avril 1921.