Dictionnaire international des militants anarchistes
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Y’en a pas un sur cent… et pourtant des milliers d’hommes et de femmes de par le monde, souvent persécutés, embastillés, goulagisés et parfois au prix de leurs vies, ont poursuivi leur chevauchée anonyme à la recherche d’un impossible rêve : un monde sans dieux ni maîtres.

CRESPIN, Joseph, André

Né le 9 août 1849 à Roquesteron, arr. de Grasse (alors dans le Var), — employé de banque — Paris — Guyane
Article mis en ligne le 23 juillet 2023
dernière modification le 8 août 2024

par Dominique Petit, R.D.
Joseph Crespin

Joseph Crespin fut condamné pour coups à Grasse en 1878. Il était valet de chambre et épousa une femme de chambre allemande. Il travailla ensuite comme employé de banque à Paris, courtier en vins, garçon de magasin. Il fut ensuite embauché par Manem de Breteauville, directeur de la banque du Sud-Ouest, 26 rue de Feydeau à Paris.

Crespin associé à Manem se trouvait en « affaires » avec des cambrioleurs anarchistes dont probablement Placide Schouppe et Léon Ortiz, pour le vol chez M. Flandrin à Abbeville et pour celui de Piquefleur.
Le vol d’Abbeville avait été commis, semble-t-il, par Placide Schouppe (et peut-être par Ortiz) dans la nuit du 13 au 14 août 1892, chez M. Flandrin, ancien magistrat. Une quantité importante de titres dont 19 obligations ottomanes, quelques uns nominatifs et un grand nombre au porteur avaient été dérobés, ainsi que des bijoux, de l’argenterie, quelques objets d’art et un brillant valant 500 francs. Le total représentait une somme de 400, 000 francs.
Le chef de la police métropolitaine de Londres prévenait le préfet de police que l’un des auteurs du vol avait laissé son adresse chez Mlle Chazeaud, 1 passage du Saumon à Paris. La correspondance saisie par la police à cette adresse fit découvrir une lettre de Manem de Breteauville. Le 23 novembre Manem fut arrêté. Celui-ci avoua qu’il s’était occupé avec l’aide de Crespin, son employé, de la négociation des titres volés. Mais d’après Manem les titres n’auraient pu être négociés et il chargea Crespin de les restituer à l’anarchiste Cesare Cova, par l’intermédiaire d’un sieur Léon (Ortiz). Cet échange eut lieu a une date non précisée, Crespin rencontra Ortiz, au siège de La Révolte, pour « Liquider leurs affaires » sous l’arbitrage de Jean Grave*, à son corps défendant, celui-ci ne voulant pas se mêler de l’affaire. Ils sortirent des paquets de valeurs provenant du vol d’Abbeville, parmi lesquelles des ottomanes que Grave aperçut, et se les divisèrent entre eux après bien des contestations, puis s’en allèrent.
La police était persuadée que Placide Schouppe était l’auteur du vol d’Abbeville, Ortiz fut en tout cas complice ou auteur lui-même. Selon Crespin l’auteur du vol était un nommé Henry Dumont, habitant Londres. Mais cherchait-il à égarer la police ? Lors de perquisitions la police saisit des lettres échangées entre Crespin et Manem où il était question de Henri Dumont, Marocq (probablement Marocco), Cova et Léon (Ortiz), Crespin y indiquait les précautions qu’il devait prendre pour négocier les titres.
Lors de l’arrestation en Belgique de Placide Schouppe, la police retrouva sur lui une lettre de Crespin signée « André ».

Le 9 juillet 1893, la cour d’assises de la Somme condamna pour recel de titres Crespin à 8 ans de travaux forcés et Manem à 7 ans de réclusion. « Tous deux, directeurs à Paris d’une sorte d’agence interlope pour la négociation en Angleterre des titres dérobés, ont révélé à la justice, après le verdict du jury, que Ortiz, l’un des coupables, lui avait échappé ».
La police vint interroger Grave plus tard, celui-ci répondit qu’il connaissait à peine les intéressés et n’avait aucun souvenir de cette rencontre. A cette époque Manem et Crespin se trouvaient emprisonnés pour l’affaire d’Abbeville. Selon Grave, Crespin aurait été cité comme témoin détenu, lors du procès des Trente (voir Élisée Bastard).

Crespin fit partie du convoi vers le bagne de Guyane avec Chenal, Meyrueis et Foret Ils débarquèrent tous à l’Ile Royale. Crespin vint seul saluer Clément Duval qui s’y trouvait déjà. Ils furent transportés ensuite à l’Ile Saint-Joseph où Crespin ne fréquenta pas les anarchistes. « Il fut ensuite renvoyé à l’Ile Royale, où il tenta une évasion sur un radeau Il échoua, eut une punition de 60 jours de cellule et fut envoyé à Cayenne », écrit Duval.

Cette évasion du 3 mars 1894 ne dura que trois jours. Elle fut suivie de plusieurs autres : évadé le 25 mars 1896, repris le 29 mars ; évadé le 1er octobre1896, repris le 2 ; évadé le 20 janvier 1897, repris le 30 mars ; évadé le 17 juillet 1898, repris le 18 ; évadé le 24 septembre 1898. Chaque évasion lui valait des peines de cachot.

Cette dernière évasion était-elle la bonne ? Crespin aurait pu semble-t-il continuer ses activités de recel, comme le laisse supposer un dossier de justice : « Recel et négociation de titres de valeur de bourse volés par les nommés Manem, directeur de la Banque du Sud-Ouest à Paris et Crespin, anarchiste, 1895-1898 ».


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