En 1894 Henri Albran (parfois orthographié Albrand) était domicilié à Marseile où il fut l’objet le 10 juillet 1894 d’une perquisition qui ne donna aucun résultat. Dès le moi suivant la police signalait qu’il était parti pour Toulon avec Marie de Saint-Rémy. Il fut arrêté et écroué à Toulon à la mi-août après que, lors d’une perquisition à son domicile 7 rue Bon Pasteur, aient été trouvé des écrits permettant d’établir qu’il avait été l’auteur des inscriptions anarchistes sur des enveloppes contenant la déclaration d’Émile Henry, trouvées le 6 août dans la boite aux lettres du Maire à l’Hôtel de ville : dix extraits de la déclaration d’Émile Henry dans une enveloppe où était inscrit « A bas les socialos parce que vous êtes tous des ramollis et des lâââches, Vive l’Anarchie ! ». Une autre enveloppe destinée au Commissaire et contenant 4 exemplaires de la déclaration était accompagnée de l’inscription « Vous ne parviendrez pas Vampire à arrêter le mouvement anarchiste. A bas les policiers ! Vive l’Anarchie ! Mort à vous, crapule !”. Une dernière enveloppe, sans adresse, avait été déposée, avec diverses inscriptions « Sous chaque pavé il y a une bombe vengeresse”, “Bravo Caserio”, “Du pain ou la dynamite parlera !”, “Vive l’anarchie, c’est la pure liberté”, “Nous les vengerons ces martyrs ». Il fut condamné début septembre à 6 mois de prison.
Le 11 août, une notice individuelle avait été établie à son nom, indiquant qu’il avait été signalé comme “anarchiste dangereux” par le commissaire du 3e arrondissement de Marseille et qu’il logeait et prenait ses repas chez la veuve Teissier, dite Saint-Rémy.
Colporteur de journaux à Toulon, un rapport de police de mai 1896 signalait la saisie de 70 exemplaires du Libertaire au domicile d’Henri Albran au 18 rue Armedieux (sic : en fait rue Larmodieu). Albran, bien que privé de ses droits civils et sous la menace de contraintes par corps, a été également très brièvement en 1896 le gérant du journal Le Christ Anarchiste (Toulon, 12 numéros de juin 1895 au 15 janvier 1897) où il avait remplacé Joseph Babinger. Ce journal avait été fondé par Marie Andrieux, épouse Teissier, dite Marie de Saint-Rémy auteur du livre « Les dieux des anarchistes » (1899) et qui avait hébergé Albrand à Marseille au début des années 1890. Le 19 juin 1895 il avait été arrêté à Le Beausset (Toulon) et condamné pour « coups et blessures » à 3 mois de prison qu’il avait purgé à Aix. Le 9 novembre 1895 il avait été l’objet d’une condamnation par le tribunal correctionnel de Toulon.
Au printemps 1896 il circulait avec Babinger dans les Hautes-Alpes comme représentant d’une maison en ferblanterie. Le 13 juin 1896 Albrand était détenu pour dix jours (contrainte par corps, pour payer les frais d’un jugement). Le 29 juin à La Seyne, il était à nouveau arrêté et ses journaux étaient saisis. Ils lui seront rendus le lendemain. Le 4 juillet il était une nouvelle fois arrêté et emprisonné pour contrainte par corps.
Le 26 février 1897 il avait été arrêté avec Marie de Saint-Rémy suite à un article paru dans le journal (n°12, 15 janvier 1897) menaçant de mort diverses têtes couronnées si les 8 anarchistes de Montjuich condamnés à mort, étaient exécutés ; ils furent remis le lendemain en liberté provisoire et participèrent à une réunion pour y fêter leur libération avec une dizaine de compagnons.
Le 21 septembre 1897 il fut avec Jeanjean l’un des assesseurs de la conférence “La révolution est elle nécessaire ?” de Henri Dhorr à Toulon.
En août 1899 il fut signalé comme ayant disparu de Toulon avec un nomme Laplanche. Tous deux furent ensuite localisés à Saint-Étienne et à Lyon.
En 1900- 1901, Albran qui demeurait auparavant rue Alézard à Toulon, circulait sur la Côte d’Azur (Draguignan, Gonfarron, La Ciotat, Marseille, Nice…) comme colporteur et diffusait la brochure La séquestrée de Poitiers en compagnie d’un nommé Perdigon.
En juillet 1901 il était signalé à Nice où il fut fiché et photographié avant de partir pour Dragugnan et Toulon.
Le 19 juillet 1902, il était de nouveau signalé à Nice où il logeait au restaurant Bovis, 3 rue Saint-François, puis, le 27 juillet partait pour Grasse et, le 30, était signalé comme se dirigeant à pied vers Cannes.
En mars 1903 il était signalé comme circulant à pied entre Antibes, Cagnes et Nice.
Inscrit à l’état vert n°1 des anarchistes disparus et nomades, il n’avait pas été maintenu sur les états verts n°2 et 3, après s’être fixé à Toulon. Toutefois, ayant repris sa vie nomade, il fut de nouveau inscrit à l’état vert n°4 (avril 1904).
En juillet 1905, il continuait de circuler à pied, en train ou en tramway entre Nice, Cannes et Toulon.
En janvier 1907 il fut l’un des 31 signataires pour la section de Toulon de l’AIA de l’affiche Conscrits appelant les soldats à mettre crosse en l’air. (Voir Augustin Bayle pour la liste des signataires). Il résidait alors 19 rue de l’équerre à Toulon.
En juillet 1907 la police signalait qu’il avait quitté Grasse à pied, pour Draguignan, en vendant des chansons.