Dictionnaire international des militants anarchistes
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RIMBAULT, Marceau
Né vers 1889 - Indicateur - Paris
Article mis en ligne le 30 mars 2016
dernière modification le 20 avril 2024

par Guillaume Davranche, ps

Frère de Louis Rimbault — voir ce nom — Marceau fréquenta, à Paris, les milieux anarchistes individualistes des Causeries populaires de la rue du Chevalier-de-la-Barre, dans le XVIIIe arr., fondées en octobre 1902 par Libertad, ainsi que le groupe anarchiste du XVe arr. Il aurait également constitué un groupe, celui des Précurseurs”, à Livry-Gargan (Seine-et-Oise) vers 1908, lorsqu’il vint habiter chez son frère.

Selon une note de police de juin 1908, il était devenu anarchiste après avoir été exclu du Parti socialiste unifié après avoir dilapidé les fonds de la 42e section dont il était le trésorier. Il était alors considéré comme “peu dangereux et un simple estampeur”, soupçonné de ne vouloir former une fédération que pour en être nommé trésorier “afin de pouvoir puiser à son aise sans la caisse”.

Lors d’une assemblée tenue le 28 mai 1908, à la Maison commune, 111, rue du Château, à Paris 14e, Marceau Rimbault fut élu secrétaire d’une fédération de 8 groupes anarchistes de région parisienne - le Groupe anarchiste international, le groupe du XVe, le groupe libre éducation du bronze, les travailleurs libertaires de Saint-Denis, le Groupe libre de Levallois-Perret, la Jeunesse libertaire de Saint-Ouen, le groupe Les Précurseurs de Livry Gargan et le Groupe d’études et d’action ouvrière d’Argenteuil - qui, le 13 juin lors d’une ré"union à la salle de La Belle Polonaise rue de la Gaité, allait devenir la Fédération anarchiste de la Seine et Seine-et-Oise (FA). Avec dix groupes affiliés de Paris, Saint-Denis, Levallois-Perret, Saint-Ouen, Livry-Gargan et Argenteuil et plusieurs groupes en province (Pas-de-Calais, Nord, Somme, Rouen…) la FA, qui était en réalité davantage un réseau qu’une fédération, fut paralysée par le clivage entre pro-syndicalistes - Marmande, Desplanques, Roussel, Grandidider entre autres - et antisyndicalistes, dont Marceau Rimbault était un des représentants avec Libertad.

Lors d’une réunion en juin 1908 du groupe anarchiste du XVe arrondissement, il avait été accusé par Servet, du syndicat des serruriers, d’avoir gardé par devers lui des collectes effectuées lors de la grève de 1906. Rambaut reconnut les faits et accusa à son tour Servet d’avoir fait la même chose. Un grand tumulte s’en était suivi d’autant que plusieurs camarades avaient soutenu Rambaud, estimant qu’il “avait bien fait, s’il avait faim, de se servir de cet argent, puisqu’il provenait des politiciens, des syndicalistes et des coopératives”. Ces incidents entraînèrent également le faut que le groupe du XVe cessa de se réunir à la salle de L’Eglantine.

Survinrent les sanglantes bagarres entre ouvriers carriers de Seine-et-Oise en grève et gendarmes, à Draveil-Vigneux, le 2 juin, suivies, le 30 juillet, par la fusillade de Villeneuve-Saint-Georges. En pleine manifestation, le syndicaliste Aulagnier, jugeant suspecte l’attitude de Marceau Rimbault envers les gendarmes, le traita publiquement de provocateur. Ils faillirent en venir aux mains. Plus tard dans la journée, Rimbault fut arrêté par la police, mais ne resta que quinze jours en prison.

Le 29 août, alors qu’il participait à un meeting de soutien aux inculpés, salle du Libre-Échange, ses propos soulevèrent l’indignation des syndicalistes. D’une part, il désigna les anarchistes aux foudres du pouvoir en clamant qu’eux seuls avaient tout fait à Villeneuve-Saint-Georges. D’autre part, il jeta le discrédit sur les dirigeants de la CGT, alors sous les verrous, en affirmant qu’ils avaient organisé l’émeute et qu’au dernier moment ils avaient fui leurs responsabilités. Il réitéra dans un meeting salle des Sociétés-savantes. S’ensuivit une réprobation acerbe dans la presse révolutionnaire et un malaise général dans la FA, dont plusieurs membres se désolidarisèrent des propos de Rimbault. Dès septembre 1908, ce dernier préféra prendre le large, et quitta ensuite Paris après avoir contracté un engagement dans un régiment de zouaves et d’être envoyé en Algérie.
Dès février 1909, pour éviter qu’elle ne tombe aux mains de partisans du syndicalisme (Grandidier, Beaulieu, Méo…), la Fédération avait été déclarée dissoute.

Par la suite, on apprit que, durant sa détention à Corbeil, Marceau Rimbault avait envoyé un télégramme à Xavier Guichard, chef de la brigade des anarchistes à la préfecture, télégramme ainsi libellé : “Je suis arrêté, venez me défendre.” Le texte de ce « bleu » fut communiqué aux dirigeants de la CGT qui purent ainsi en démasquer l’auteur et prouver que Marceau Rimbault était au service de la préfecture de la Seine. Au cours de ces mêmes évènements Métivier avait agit pour le compte du Ministère de l’Intérieur.


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