Dictionnaire international des militants anarchistes
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Y’en a pas un sur cent… et pourtant des milliers d’hommes et de femmes de par le monde, souvent persécutés, embastillés, goulagisés et parfois au prix de leurs vies, ont poursuivi leur chevauchée anonyme à la recherche d’un impossible rêve : un monde sans dieux ni maîtres.

BIOLLEY, Georges

Né à Neuchâtel en 1878 (?) — mort en 1939 — Médecin — Neuchâtel (Suisse)
Article mis en ligne le 2 décembre 2013
dernière modification le 5 août 2024

par ps
L Bertoni et à droite Georges Biolley (années 1930)

Etudiant puis médecin à Neuchâtel, Georges Biolley avait collaboré dès le début au Réveil de Bertoni qui, à sa mort évoqua « quarante ans d’amitié ». Suirte à la grève générale de 1902 et à la condamnation de Bertoni à un an de prison et à l’expulsion de nombreux compagnons italiens, ce fut Biolley qui rédigea la partie italienne du Réveil. En décembre 1905 il accompagna E. Armand lors de son séjour à Genève pour y donner des conférences et fut arrêté avec lui.

En 1924, puis début 1925, il avait participé à l’emprunt pour Le Libertaire quotidien.

Georges Biolley est décédé à l’automne 1939. Ses archives ont été déposées à l’Institut international d’histoire sociale d’Amsterdam et également au CIRA.

Le Réveil anarchiste (n°1033, 4 novembre 1939) rappela sa mémoire en ces termes : « La mort du Dr Georges Biolley nous a profondément émus, en réveillant en nous une foule d’anciens souvenirs. Depuis quarante ans il était notre fidèle ami et camarade, et bien qu’il ne militait plus à proprement parler, absorbé par des occupations et des charges nombreuses, il s’intéressait toujours à notre mouvement et répondait généreusement à tout appel en sa faveur.
Nous l’avions connu peu avant le lancement du premier numéro de notre Réveil, alors qu’il était encore étudiant à la Faculté de médecine. Enthousiaste, vibrant et enjoué tout à la fois, il jouissait parmi nous des plus grandes sympathies. Ce fut une époque, où un large mouvement d’idées allait de pair avec une saine agitation ouvrière, les grèves succédant aux grèves avec un caractère de sacrifice et d’idéalisme que l’enrégimentation, la centralisation, l’étatisation et la bureaucratie du syndicalisme réformiste devaient presque faire disparaître. Nous multiplions les réunions de syndicats, squelettes disait-on, mais combien vivants, la poignée de travailleurs qui les composaient sachant exercer au moment voulu une force d’attraction et d’entraînement décisive. Meetings, conférences, débats contradictoires, affichages se succédaient, maintenant en haleine, pour ainsi dire, la population. Le Courrier de Genève disait alors, avec une exagération manifeste, « que les anarchistes tiennent le haut du pavé à Genève. » Cela n’en indique pas moins le beau mouvement qu’un petit groupe de jeunes, aidés par quelques hommes mûrs qui se sentaient rajeunis aussi, avions su créer.
Georges Biolley était l’un des rares survivants avec lequel nous pouvions évoquer tout cela. La plupart sont morts ou furent éloignés de Genève par les expulsions venant les frapper. Nous ne saurions refaire ici, surtout sous le coup d’une vive douleur, l’histoire d’une période de grands espoirs et de luttes désintéressées, où chacun de nous se donnait entièrement sans s’attendre à une récompense quelconque, hormis celle dé de notre foi même, car nous étions à ce moment-là de vrais croyants le l’anarchisme, et cela représentait une réelle force.
Rappelons seulement la grève générale le 1902, la première peut être du genre en Suisse. Le camarade Bertoni fut alors condamné à une année de prison par la forfaiture d’un procureur donnant au texte de la loi une extension que le législateur avait voulu précisément exclure. Il devait, d’ailleurs, être libéré après quatre mois sous la pression de l’opinion publique.
Pendant cette période, ce fut Georges Biolley qui rédigea la partie italienne de notre journal, les camarades de cette langue se trouvant expulsés ou obligés à se soustraire à la surveillance policière.
Biolley, avait, en effet, passé quelque temps à Turin et écrivait couramment l’italien.
Quarante années d’une amitié, d’une camaraderie jamais démentie, bien que les circonstances de la vie aient rendu nos rencontres plus rares, comptent dans une vie humaine. Nous nous rappelons la joie avec laquelle, à notre fête du millième numéro du journal, il avait entendu rappeler nombre de faits dont il avait été témoin et acteur. Et voici que Georges Biolley tout-à-coup disparaît, comme s’il emportait avec lui, pour ainsi dire, une partie de notre vie. La mort de nos amis les plus chers, paraît détacher de notre existence les plus belles années passées avec eux et la diminuer en quelque sorte douloureusement. Cela est d’autant plus sensible lorsque c’est un frère cadet et non aîné qui nous quitte.
A un moment où les fortes convictions se font rares et la foule des esprits ondoyants devient facile proie des violents qui savent s’imposer brutalement, saluons en Georges Biolley l’homme qui est resté lui-même en tout circonstance, en tout milieu, en tout temps, se réclamant d’un idéal de justice et de liberté que nulle mort ne pourra jamais atteindre, car c’est lui seul qui renouvelle la vie, qui l’ennoblit, qui en fait le prix, ouvrant ces perspectives d’un meilleur avenir humain, auquel il est suprême réconfort de se dire d’avoir, travaillé, même dans une modeste ou obscure position
 ».


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