D’abord anticlérical — ce qui lui avait valu des poursuites en 1892 et 1897 — Alberico Angelozzi était entré en contact avec l’anarchisme à Ancône après les émeutes de 1898 et se lia rapidement à plusieurs des animateurs locaux du mouvement dont Augusto Giardini, Ferrucio Mariani, Nicola Farinelli, Felipe Felici, Enrico Ricciardelli et Raniero Cecili. Membre du groupe Carlo Cafiero, il commença une correspondance avec notamment E. Malatesta et F. Vezzani.
Le 17 juillet 1900, lors de la perquisition menée au siège clandestin du journal L’Agitazione, de nombreux documents et lettres lui appartenant furent saisis. En octobre 1900 il remplaça Arturo Belleti à la gérance de L’Agitazione (n°33 à 41) avant d’être remplacé par Augusto Crinelletti. Début décembre lors d’une manifestation publique pour rendre hommage au maçon anarchiste Oreste Regni tué dans une bagarre quelques semaines aupravant, Angelozzi, qui portait une couronne avec rubans rouges et noirs, fut arrêté et emprisonné 5 jours. Le 19 décembre le Tribunal d’Ancône le condamnait à 15 mois de prison à la suite des documents découverts dans la perquisition de juillet précédent. Après appel, il fut laissé en liberté provisoire.
Le 22 janvier 1901 il fut reconnu « coupable” pour avoir participé avec une gerbe anarchiste à l’enterrement de Aristodemo Traghini, puis quelques semaines plus tard fut condamné à 9 mois de prison pour « incitation à la haine de classes ». Parallèlement il était accusé d’avoir participé à un complot pour tuer le président du tribunal de Gênes et fut finalement incarcéré pour purger sa peine de 15 mois. En prison il continua de recevoir la presse anarchiste et notamment La Tribuna libera (Alexandrie) et La Nuova civiltà (Buenos Aires).
Dès sa sortie de prison, il s’impliqua à la Chambre du travail d’Ancône dont en 1902 il fut nommé secrétaire avant d’en démissionner suite à l’inertie des travailleurs locaux. Dans les années 1910, il allait effectuer un important travail syndical, tout en maintenant une large correspondance tant avec le mouvement anarchiste italien qu’international. Il fut l’un des fondateurs à Ancône des journaux La vita operaia et Lo Sprone. Le 28 septembre 1911, à la Chambre du travail, il participa à une réunion où il se prononça contre la guerre en Lybie. Il était alors considéré par la police comme le principal propagandiste anarchiste de la région et le fondateur des groupes Picconieri, Paolo Chiarella et Katuko.
En avril 1912, avec sa femme et leurs 4 enfants, il quittait les Marches pour aller à Paris à la recherche d’un emploi. Les 17-18 mai 1914 il alla en Italie pour participer au congrès anarchiste de l’Ombrie et des Marches tenu à Fabriano. Le déclenchement de la Première Guerre Mondiale, l’obligeait à rentrer à Ancône en septembre 1914. Il s’intégrait alors au Circolo Studi Sociali. En 1915 il travaillait comme portier à la Chambre du travail et en mai fut arrêté pour « activités séditieuses ».
En 1917 la police saisissait une lettre signée Leonidas adressée à Borghi où il racontait son séjour à Paris, son retour forcé en Italie et le développement du mouvement à Ancône. En 1919 ses activités lui valurent une nouvelle arrestation. Au début des années 1920 il avait ouvert une petite librairie qui fit finalement faillite.
Pendant le fascisme, il cessa toute activité politique et fut rayé en 1940 des fichiers de surveillance tout en restant inscrit sur celui des « subversifs communistes ». A la Libération il adhéra à la Fédération anarchiste des Marches (FAI).
Alberico Angelozzi est décédé à Ancône le 11 octobre 1948.