Marié en 1885 avec Annette Soubrier et militant anarchiste individualiste partisan de la reprise individuelle, Pierre Chiericotti (parfois Chericotti) dit Ricotti s’était installé à Paris en 1883 et demeura en 1888 au 14 rue Saint-Vincent, puis dans les années 1890 au 2 rue du Ruisseau. Il était alors marchand de volailles et fréquentait notamment le compagnon VittorioPini. Il avait fait l’objet d’un arrêté d’expulsion de France le 29 mars 1892 qui n’avait pu lui être notifié. Il avait gagné la Grande-Bretagne où l’avaient sans doute rejoint sa compagne Annette Soubrier et leur enfant, puis sous le nom de Paul Laurent était rentré clandestinement en France et s’était intégré au groupe de cambrioleurs d’Ortiz.
Il participa sans doute aux divers cambriolages opérés par le groupe le 13 août 1892 à Abbeville (Somme), le 7 janvier 1893 à Fiquefleur (Eure), le 29 janvier à Nogent les Vierges (oise) et en juillet suivant à celui de la rue de Longchamp à Paris.
En octobre 1893 Chericott, sa femme, Victorine Belloti et son fils Louis, Marie Mlanaccio s’instalait au 1 boulevard Brune (XIVe) où une partie du butin des cambriolages était entreposé. Le 18 mars 1894, il était arrêté avec sa compagne Annette qu’il attendait à son arrivée à la gare du Nord en provenance de Londres.
Lors du procès des trente en août 1894 mêlant illégalistes et théoriciens anarchistes, où il comparaissait pour vol avec Ortiz, Bertani et Berlotti, il fut condamné à huit ans de travaux forcés. Jean Grave écrivait à son propos : “… Parmi les cambrioleurs était un ouvrier cordonnier italien, nommé Chericotti. Quand était venu son tour de parler, il se contenta de déclarer qu’il avait toujours travaillé pour vivre, que quelle sue soit l’issue du procès, il aurait à continuer à travailler. Au ton dont il prononça ces quelques mots, on sentait la sincérité. Il y avait quelque chose de pathétique. J’ignore s’il avait participé aux cambriolages. Mais c’était chez lui que l’on avait trouvé le matériel d’imprimerie que possédait la bande ».
Détenu comme droit commun aux îles du Salut, Chiericotti (matricule 26866/8426), qui vers 1900 avait bénéficié d’une grâce de 1 an, était toujours vivant au bagne de Guyane en 1901 où il avait été assigné à résidence.
En 1911, sa compagne Annette vivait à Londres avec ses trois enfants et le compagnon Cesare Cova.