Baptiste Couni, comme deux de ses frères, était membre avant la Première guerre mondiale du groupe anarchiste de Moulins qui édita le journal La Torche (1908-1909) animé notamment par Jules Vignes et Louis Dubost.
Les Couni étaient issus d’une famille de bûcherons et la sœur aînée de Baptiste, veuve avec deux enfants à charge, était la compagne d’Émile Jules Vignes. Baptiste, colosse de nature, exerçait la profession de rempailleur de chaises et sillonnait les rues de Moulins en vélo avec une pile impressionnante de chaises.
Le 11 septembre 1906, à l’occasion de la venur du nouvel évêque Lobbedey à Moilins, le groupe libertaire local, les sympathisants et autres libres-penseurs (1800 cotisants dans l’Allier au début du XXe siècle), vinrent “l’accueillir” et “l’escorter” de la gare à la cathèdrale. Les trois frères Couni, de carrure athlétique, étaient du “cortège”, malgré un jour de semaine choisi par par les cléricaux pour éviter les manifestations. Avec les autres ils chantaient une vieille chanson anticléricale : « Le christ à l’écurie/ La vierge à la voirie/ Et le Saint-père au diable/ Vive le son, vive le son/ et le Saint-père au diable/ Vive le son du canon ». Toutefois Louis Dubost précisait, qu’étant antimilitaristes, ils terminaient par « A bas le son du canon ». Les trois frères Couni se retrouvèrent enfermés dans la cathédrale dont les portes avaient été bloquées avec un confessionnal par les cléricaux pour empêcher les manifestants de rentrer. Un tombereau chargé de charbon servit dans la rue de réserve de projectiles pour une bagarre mémorable avec les cléricaux.
Baptiste Couni continua après la guerre de 1914, de fréquenter le groupe libertaire de Moulins animé par François Minet.
René Laplanche