Dictionnaire international des militants anarchistes
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Y’en a pas un sur cent… et pourtant des milliers d’hommes et de femmes de par le monde, souvent persécutés, embastillés, goulagisés et parfois au prix de leurs vies, ont poursuivi leur chevauchée anonyme à la recherche d’un impossible rêve : un monde sans dieux ni maîtres.

ERLEBACH, Jules, Charles, Ignace “DUCRET”

Né le 1er février 1881 à Fribourg (Suisse) — mort le 12 janvier 1913 — Dessinateur industriel ; libraire — Fribourg (Suisse) — Paris
Article mis en ligne le 16 mai 2011
dernière modification le 6 août 2024

par R.D.

Fils d’un industriel suisse, Jules Erlebach avait rompu avec sa famille en raison de ses convictions anarchistes. Collaborateur du journal syndicaliste révolutionnaire La Voix du peuple (Lausanne) depuis 1906, il était, en 1907, l’un des animateurs avec Jules Schneider de l’Union ouvrière de Fribourg qui regroupait 640 membres dans 12 syndicats et qui adhéra à la FUOSR pendant deux ans.

Au début des années 1910 il allait à Paris où, à partir de juillet 1911 et sous le nom de Ducret (nom de sa grand-mère maternelle) il tenait une petite librairie située 15 passage de Clichy qui servit de siège à la première série de la revue individualiste L’Idée libre (Paris, 23 numéros de décembre 1911 à octobre 1913) fondée par André Lorulot. La librairie ne suffisant pas à le nourrir il travaillait également comme dessinateur industriel. A cette époque il participait également aux réunions des Causeries populaires du Faubourg Saint-Antoine et de la rue de l’Hôtel de ville.

Lors de l’affaire de la bande à Bonnot, il fut suspecté d’avoir hébergé Octave Garnier (d’octobre à décembre 1911), d’avoir servi de receleur et fut étroitement surveillé. Accusé de ne pas avoir fait de déclaration de séjour en tant qu’étranger, il perdit sa place de dessinateur.

Ducret, qui était alors gérant de L’anarchie où il avait remplacé Labregère, hébergea également le compagnon illégaliste Léon Lacombe avec lequel il aurait préparé le cambriolage le 1er novembre 1912 du Bureau de poste de Bezons (Seine-et-Oise) au cours duquel le receveur fut tué. Le 8 (ou le 10) novembre 1912, près de 400 policiers et un escadron de la garde républicaine, pensant y trouver Lacombe, encerclait la Librairie pour y effectuer une perquisition. Un compagnon italien, l’ouvrier tailleur Charles Scalvini, hébergé par Erlebach y était arrêté puis relâché. Dans la nuit du 3 au 4 décembre suivant Erlebach était séquestré par Léon Lacombe, qui était persuadé qu’Erlebach servait d’indicateur à la police et l’avait trahi. Apès l’avoir interrogé une partie de la nuit, Lacombe le blessait grièvement d’une balle dans la gorge. Hospitalisé à Bichat dans un état désespéré, Jules Erlebach, après avoir été interrogé par le juge d’instruction, mourut le 12 janvier 1913 des suites de cette blessure.

Henry Poulaille, qu’il avait initié à l’anarchisme, évoque Erlebach dans ses romans.