Militant anarchiste communiste, Fred Charles fut en 1885 l’un des organisateurs à Norwich, où il tenait un petit café servant de centre de réunions et de débats sur le socialisme, de l’organisation socialiste révolutionnaire la Socialist League, qui était une scission de la Fédération sociale démocrate. Les membres de la Ligue locale — une dizaine au début — parcouraient en tous sens les campagnes environnantes pour y organiser des meetings, organiser les chômeurs et y répandre de la propagande. Ils reçurent l’appui notamment de William Morris, Charles Mowbray (de Londres) et Fred Henderson (de Bradford) et dès le printemps 1886 parvenaient à réunie jusqu’à un millier de personnes lors des meetings en plein air sur la place du marché.
En 1887 il avait participé à la conférence socialiste internationale tenue à Paris.
Le 14 novembre 1887, suite à un meeting dont les orateurs étaient Mowbray et Henderson, le demi millier de chômeurs qui y assistaient, attaquaient les maisons des riches dont ils brisaient les fenêtres (épisode connu sous le nom de bataille de Ham Run) ce qui valut à Mowbray et Henderson d’être condamnés respectivement à 9 mois et 4 mois de prison. Sans doute pour échapper à la répression, Fred Charles partait début 1888, avec Joe Lane, un vieux militant communiste anti parlementaire, pour Londres.
Tous deux fondaient le “East end socialist propaganda comittee” avec l’appui du club local de la Socialist League et des clubs anarchistes étrangers. Ils eurent alors une intense activité de propagande, distribuant brochures, tracts, etc, maison par maison, et organisant de nombreux meetings de plein air.
En 1889 il avait participé au congrès socialiste tenu à Paris où il avait notamment rencontré le compagnon Fred Deakin.
Puis, au début des années 1890, Fred Charles, à la recherche d’emploi, alla à Sheffield où avec le docteur John Creaghe il participa à la fondation du journal The Shefield anarchist (1891, 8 numéros).
Selon les témoignages tant de Creaghe que de David Nicoll l’éditeur de Commonweal l’organe de la League ou du poète et défenseur du droit des homosexuels Edward Carpenter, Fred Charles, qui disposait de peu de revenus, était d’une générosité extrême, donnant le peu qu’il avait et même parfois ses vêtements à plus pauvre que lui.
Ne trouvant pas de travail, à l’été 1891, il quittait Sheffield pour Walsall où il avait trouvé un emploi dans une fonderie et retrouver F. Deakin qui était alors le secrétaire du Club socialiste local. Il y fut arrêté le 7 janvier 1892 avec d’autres militants — F. Deakin, Victor Cails, J. Battola, Ditchfield et Westley —, victimes de la provocation d’Auguste Coulon (voir ce nom), un infiltré de la police française, et inculpé de la fabrication de bombes. Lors du procès en avril, il dénonça clairement le complot policier — ce qui fut reconnu plus tard par l’un des inspecteurs de police —, et déclara ne pas y avoir participé après s’être aperçu que les bombes n’étaient pas destinées à être utilisée en Russie tsariste. Il fut néanmoins condamné à 10 ans de prison et ne fut libéré qu’en 1899 au bout de sept ans et demi de détention. Dès sa libération il fut nommé secrétaire d’un groupe dit du Congrès — réunissant notamment les membres du groupe Freedom, Kropotkine, Tcherkesov… — en vue du Congrès international antiparlementaire (voir Delesalle) devant se tenir à Paris en septembre 1900 et qui fut finalement interdit par les autorités.
A sa libération il rentra à Norwich où il épousa Charlotte une institutrice anarchiste.
Du 26 au 28 juin 1904 il fut délégué au congrès antimilitariste international tenu à Amsterdam à l’initiative de Nieuwenhuis et où fut fondée l’Association internationale antimilitariste (AIA).
En 1913 le couple était à Oxford et traduisit en anglais l’ouvrage d’E. Pouget et Pataud Comment nous ferons la révolution. Fred Charles avait également participé à l’organisation de la coopérative des travailleurs du bâtiment et, après la grève du Ruskin College en 1909, avait été nommé membre de l’administration du nouveau collège en tant que membre de la Société coopérative d’Oxford, où, jusqu’en 1911 il donna des cours sur l’histoire politique et industrielle.
Dans les années 1930, il s’installa à la colonie anarchiste de Whiteway, Gloucester, où il devait décéder.
Nick Heath