Dictionnaire international des militants anarchistes
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Y’en a pas un sur cent… et pourtant des milliers d’hommes et de femmes de par le monde, souvent persécutés, embastillés, goulagisés et parfois au prix de leurs vies, ont poursuivi leur chevauchée anonyme à la recherche d’un impossible rêve : un monde sans dieux ni maîtres.

CAUVIN, Gustave, Virgile

Né le 4 janvier 1886 à Marseille (Bouches-du-Rhône) — Ouvrier coiffeur ; ouvrier du bâtiment — JSR- CGT — Marseille (Bouches-du-Rhône)
Article mis en ligne le 31 décembre 2006
dernière modification le 21 août 2024

par R.D., René Bianco

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Fils d’un maçon et coiffeur Mathieu Gustave et de Béatrix Maris Guichard, Gustave Cauvin, marié, sans enfants, travaillait comme ouvrier coiffeur chez Cabassu, 42 allée du Meilhan. Il était membre dès 1904 du groupe syndicaliste révolutionnaire de Marseille avec entre autres Auguste Berrier. Selon un rapport de police (juillet 1910) “…à 17 ans, Cauvin qui avait déjà la réputation d’un violent et d’un paresseux, quitta sa famille pour se rendre à Lyon d’abord, puis à Paris pour y travailler de son métier de coiffeur. Exempté de service et versé dans l’armée auxiliaire pour crises nerveuses — en fait selon son frère Henri, il s’était fait réformer — il avait repris le magasin de son père qui venait de mourir. Cependant son caractère, la propagande qu’il faisait dans son magasin en faveur des idées antimilitaristes éloignèrent les clients ; sa mère dut vendre le fonds.
Il demeurait alors 4 rue Prunet avec sa compagne qui, suite à sa maltraitance, avait bientôt quitté le domicile conjugal.

Après avoir été successivement encaisseur à la compagnie des machines à coudre Singer en novembre 1907, d’où il fut congédié en janvier 1908 pour détournement de fonds — selon son frère il avait en fait organisé un système de ventes fictives dont le bénéfice était destiné à la propagande — puis journalier à l’huilerie Vallabrègue à Saint-Mauront, où il faisait parmi le personnel une propagande active contre l’armée et le gouvernement. Cauvin a repris depuis quelque temps son métier d’ouvrier coiffeur. »

De fait c’était un ardent propagandiste : il prit la parole à la Bourse du Travail, le 13 juin 1908, lors d’un meeting de protestation contre les incidents de Vigneux et fit adopter une motion extèmement violente invitant « La classe ouvrière à s’organiser pour chasser du pouvoir les bandits qui nous gouvernent ». Parallèlement il faisait paraître dans le numéro 15 deL’Ouvrier syndiqué un article intitulé “Gouvernement de lâches et d’assassins”.

En 1909, au cours de l’agitation en faveur de Francisco Ferrer, il avait provoqué Guy de Cassagnac en duel, pour protester contre des articles parus dans le journal L’Autorité, puis il avait organisé une manifestation où juché sur une fenêtre de la Préfecture il avait harangué la foule. Cette même année il participait à toutes les activités du Comité de Défense Sociale (CDS), notamment à la campagne pour la libération de Branquet et la révision du procès de Palma qui avait été condamné à vingt ans de travaux forcés comme inculpé dans le cambriolage du Crédit Lyonnais à Marseille.
En février 1909 il avait fondé avec Paul Barrier un Groupe intersyndical révolutionnaire et atimilitariste dont le siège se trouvait 9 Quai de la Fraternité (siège du groupe Les Causeries où Marestan donnait ses conférences) et aux réunions duquel participaient notamment le compagnon italien Michele La Rsa, Marestan, Durand, Louis Layet, la dame Augier (Elisa ?), Marcel Couillat et Victor Giacometti. Il était inscrit au Carnet B.

Il collaborait également à L’Ouvrier conscient (au moins 5 n° du 6 février au 16 mai 1909) dont il était gérant ; le journal attaquait « Les grosses légumes » du syndicalisme local et « Leur goût des subventions » et dénonçait ceux qui « enfoncent le syndicalisme dans le bourbier puant de la politique, plutôt que de tenter de réveiller l’esprit de révolte ». Militant du Comité Intersyndical, il collaborait également à L’Ouvrier Conscient organe de l’Union des chambres Syndicales Ouvrières des Bouches-du-Rhône qui paraitra à Marseille sans interruption de 1887 à 1914 et où ont été publiés de nombreux articles d’inspiration anarchiste signés entre autres par E. Barrat, A. Berrier, A. Durand, A. Girard, F. Pons, A. Sartoris, etc.

À sa demande, Gustave Hervé fit une réunion publique le 6 mai 1909 aux Chartreux (2.000 personnes). Cauvin était en effet correspondant à Marseille de La Guerre sociale.

Suite à un sabotage dans la nuit du 6 au 7 juin 1909 de poteaux télégraphiques sur la ligne PLM, il avait été l’objet comme son frère Henri et les frères Lacoste, d’une perquisition qui, excepté des brochurs et journaux anarchistes, n’avait donné aucun résultat.

Il signait en mars 1910 l’affiches « A bas Biribi ». Il se présenta aux élections législatives d’avril-mai 1910 comme candidat du Comité antiparlementaire où il fit notamment campagne contre Carnaud, ancien député.

Le 21 juin 1910 il était condamné par le tribunal correctionnel à quinze jours de prison, 50 francs d’amende et un franc de dommages et intérets : après une très violente campagne d’affiches contre Carnaud, il s’était livré sur celui-ci à des voies de fait (il l’avait agressé le 30 mai). Carnaud avait publié une affiche intitulée « Un immonde mouchard » et accusant Cauvin. Ce dernier, à la demande du CDS avait porté plainte contre Carnaud qui avait maintenu ses dires.

En octobre 1910 il avait quitté Marseille pour se rendre à Levallois-Perret où il exerçait son métier de coiffeur. Il demeurait à Paris, 16 rue Albouy. Le 20 octobre la police avait effectué une perquisition à son domicile Marseilais (chez sa mère concierge d’une école) ainsi que chez Ferdinand Pons (trésorier du Comité de grévé générale) et à la Bourse du travail, sans aucun résultat.

Il se spécialisa ensuite dans la propagande antialcoolique et néo-malthusienne et déploya une activité intense comme secrétaire adjoint de la Fédération ouvrière anti-alcoolique dont il était le secrétaire adjoint à Saint-Henri et qui avait pour organe Le Réveil du peuple (Paris, 1908-1914). Il organisa de nombreuses réunions, suivies de projections cinématographiques, sur les méfaits de l’alcool tout en propageant les méthodes anticonceptionnelles. Pour avoir distribué des imprimés intitulés « Comment se préserver de la grossesse » il fut poursuivi pour « outrages aux bonnes mœurs » : jugé à huis clos le 21 mars 1912, il fut condamné le 16 avril à 300fr d’amende.

En février 1912 Gustave Cauvin avait pris la parole à la Bourse du Travail au cours d’une représentation du Théâtre social en faveur de La Bataille syndicaliste.

Fin 1912 il partait à Paris où il devenait le conférencier officiel de la Ligue antialcoolique. Il était alors accompagné dans ses tournées par Jean Calandri qui racionte à ce sujet : « … J’ai fait partie… de la Ligue antialcoolique, patronée par de vieilles rombières et même par le général D’Amade, ce vieux massacreur d’Africains. Mon ami Gustave Cauvin était le conférencier officiel et moi son aide bénévole pour la préparation matérielle de ses conférences avec cinéma. Mon rôle consistait à amener depuis la gare des trains de banlieue la plus proche de la salle, le matériel qui consistait, outre l’appareil de projection, en une grosse bouteille de gaz acétylène pour la projection des films, car l’éclairage électrique n’avait pas encore remplacé le gaz de ville. Puis, à la cadence de mes bras, je tournais la manivelle pour le déroulement des bandes, pendant que Cauvin parlait. Nous avons fait ainsi presque le tour de Paris, et plus tard de Lyon. »
Le 24 avril 1912 il avait été radié du Carnet B des Bouches-du-Rhône pour être inscrit en mai sur celui de la Seine (n°431). Il demeurait alors 10 rue des Petites Ecuries et avait été placé sous surveillance spéciale. Il aurait alors travaillé dans le bâtiment.

En février-juin 1913 il fit une tourée de conférences cinématographiques neo-mathusienes et anti alcooliques dans le Nord, les Adennes et la Loire notamment. Le 6 février 1913 il avait été l’objet d’un mandat d’arrêt du juge d’instruction d’Aix qui avait toutefois été suspendu.

Gustave Cauvin participait en 1913 à la fondation de la coopérative Le Cinéma du peuple aux cotés de Bidamant et du militant libertaire espagnol José Maria Estivalis Calvo Armand Guerra. Il participait alors à des séances de cinématographe commentées par lui-même (voir portfolio)

Le 7 juin 1913, il fut l’orateur d’une conférence tenue à la Salle des Folies Bergères à Reims, présidée par les compagnons Charles Dhooghe, Lefèvre et la dame Degueux, qui avait réuni environ 700 personnes. Il y avait commenté des vues cinématographiques sur le travail dans les hauts fourneaux, enfers sociaux, sur Nice paradis bourgeois, sur la guerre des Balkans, les manifestations antimilitaristes du Pré-Saint-Gervais et avait dénoncé les méfaits de l’alcoolisme. A la fin de la conférence un groupe très important de jeunes gens s’était réuni dans la rue en criant « Hou-hou les 3 ans ! » et en chantant L’Internationale, avant d’être dispersés par la police.
Au cours de l’été 1913, il cnntinua une turnée de conférences cinématographiques (Les victimes de l’alcool — Enfers sociaux — Paradis bourgeois — Les Horreurs de la guerre) dans le sud (Bouches du Rhôe,Gard, Vaucluse, Drôme), puis, à so retour, dans ’Isère, Savoie, Rhône, Ain, Loire, Loiret, Saône-et-Loire, Loir-et-Cher et Seine et Marne.

En juillet 1913, suite à une conférence néomalthusienne tenue le 30 janvier, il avat été condamné en correctionnelle à Aix à 300 francs d’amende.

Lors de conférnces antimilitaristes, notamment contre la loi de tris ans, il appelait « à l’insurrection en cas de guerre ».

Au printems 1916 il poursuivait ses conférences de la Fédération ouvrière anti-alcoolique notamment dns la loire (Saint-Étienne, Firminy, Montbeliard, Chambon Feugerolles…), ce qui provoqua une lettre overte de protestation au préfet par la chambre syndicae des débitants de boisson de Saint-Étienne et de la Loire publiée dans La Tribune républicaine (20 mars 1916).
En

Après la Grande Guerre, Cauvin aurait adhéré à la SFIO à Paris et milité dans la Ligue de l’Enseignement et avait continué ses tournées de conférences anti-alcooliques (chiffrées à 300 en 1919), obtenant certans succès, dont des arrêtés d’interdiction de l’alcool par les maires de Nantes, Saint-Nazaire, Vienne et Brest. Il étaiot alors le délégué général de la Ligue nationale contre l’alcoolisme et collaborait sans doute à la nouvelle série du journal Le Réveil du peuple (1919) dont le gérant était l’imprimeur O. Dousset.

En 1922 selon Le Libertaire, un Cauvin (Gustave ?) était trésorier du comité d’initiative de la Fédération anarchiste du sud-est tandis qu’un Cauvin qualifié de « jeune » (Henri ?) était le correspondant de cette FA pour la Haute-Savoie.

Son frère Henri faisait aussi partie du CDS et des JSR de Marseille. UN autre d ses frères, Louis-Julien, charretoer, avait en 1908 sollicité un emploi dans la police de Marseille.


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