Dictionnaire international des militants anarchistes
Slogan du site

Y’en a pas un sur cent… et pourtant des milliers d’hommes et de femmes de par le monde, souvent persécutés, embastillés, goulagisés et parfois au prix de leurs vies, ont poursuivi leur chevauchée anonyme à la recherche d’un impossible rêve : un monde sans dieux ni maîtres.

CASTAGNA, Mario

Né à San Lazzaro Alberoni (Piacenza) le 16 octobre 1901 — mort le 7 juin 1962 — Ouvrier du bâtiment — UAI — FAI — USI — Piacenza — Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine)
Article mis en ligne le 20 décembre 2006
dernière modification le 13 novembre 2024

par R.D.
Mario Castagna

Mario Castagna faisait partie d’une fratrie comprenant trois autres frères et une sœur. A l’âge de sept ans il perdait son père, et de santé précaire travaillait dans les champs pour tenter de subvenir aux besoins de la famille. Pendant la première guerre mondiale, ses trois frères, Augusto, Giuseppe et Albino, étaient envoyés sur le front où deux d’entre eux seront fait prisonniers.

Mario travaillait très tôt dans le bâtiment et devenait un militant libertaire et syndicaliste. Il était élu secrétaire de la coopérative de production puis partait au service militaire. Après le triomphe du fascisme, le propriétaire réactionnaire de leur maison de Piacenza expulsait sa mère, et son frère Giuseppe, militant socialiste et vice président de la coopérative locale, était roué de coups le 5 octobre 1921 et laissé pour mort par un groupe de fascistes ; des paysans qui l’avaient trouvé l’amèneront chez un médecin qui parviendra à sauver un de ses yeux. C’est lors d’une permission que Mario apprendra ces faits. Révolté il retournait toutefois dans son régiment où il apprenait que son autre frère, Augusto, avait été également roué de coups sous les yeux de leur mère.

Démobilisé en août 1922 il rentrait à Piacenza et décidait de partir pour la France avec son frère Giuseppe. Tous deux parvenaient, non sans mal, à s’installer ensuite à Boulogne-Billancourt. Le 21 septembre 1923, rue Boissy d’Angla, Mario Castagna était agressé par un groupe de fascistes et dans l’affrontement abattait l’un de ses agresseurs, Gino Jeri (ou Leoni ?). Arrêté, il était emprisonné. Sa mère qui décidait alors de venir en France pour le soutenir, décédait la veille de son départ d’une crise cardiaque.

Tandis qu’une importante campagne de soutien était menée par le mouvement libertaire, le procès aux assises de Mario Castagna s’ouvrait le jeudi 26 juin 1924. Mario était défendu par maitre Ernest Laffont et bénéficiait de plus de cent témoins à décharge dont ses frères, J. Le Pen, Cantorelli, A. Borghi, Caporalli, Gascouin, Paul Faure, etc. Le 27 juin la Fédération anarchiste et la ligue des réfractaires organisaient un meeting de soutien dans la grande salle de la Mutualité où prirent la parole Armando Borghi (secrétaire de l’Union Syndicale Italienne), Erasmo Abate, Amberto Meschi et Auro d’Arioma (pour l’Union Anarchiste Italienne), Colomer (Union Anarchiste), Cané (Comité de Défense Sociale) et Mme Letrange (Ligue des réfractaires). Le lendemain 28 juin, Mario Castagna était condamné à sept ans de réclusion et 10 ans d’interdiction de séjour. En décembre 1924 paraissait à Paris un numéro unique du journal L’Agitazione a favore di Castagna e Bonomini en soutien aux deux jeunes anarchistes, ainsi que la brochure « Une erreur judiciaire » tirée à 20.000 exemplaires. Le 14 juillet 1925 Mario Castagna, bénéficia d’une réduction de peine, 7 ans de prison au lieu de 7 ans de réclusion, Il fut libéré le 30 juillet 1927.
Le Comité de soutien à Castagna avait été formé de Vittorio Cantarelli, Felice Vezzani, Roberto Giglioi, Paolo Casadei avec le soutien de Antoine Pommier du Comité de Défense sociale.
A l’automne 1926, l’avocat Ernest Laffont avait écrit dans Le Libertaire : « Le fin visage encadré de longs cheveux blonds, s’amincit chaque jour davantage et, la jeune et étroite poitrine torturée par un mal d’estomac, qui rend moins acceptable le régime de la prison, commence d’être trop souvent secouée par une toux de mauvaise augure ». (cf. Le Libertaire, 30 octobre 1926)
Dès sa libération il avait écrit au Libertaire et au Comité international de défense anarchiste (CIDA) pour les remercier et avait ajouté : « Libéré, rendu à la vie et à la lutte sociale, je travaillerais de toutes mes forces pour la libération de Bonomini, de Sacco et Vanzetti, de toutes les victimes de la réaction capitaliste » (cf. Le Libertaire, 5 août 1927).

En 1931 il fut condamné à perpétuité pour un crime de droit commun et avait été déporté à Cayenne.

Libéré fin 1952, Mario Castagna revenait à Piacenza où il était membre de la Fédération Anarchiste Italienne. Il est décédé à l’hôpital de Piacenza le 7 juin 1962.


Dans la même rubrique

CASADEI, Egisto

le 13 novembre 2024
par R.D.

CARRE, François

le 7 juin 2024
par R.D.

CARRE, Emile

le 7 juin 2024
par R.D.

CASTANEDA MATEO, Gregorio

le 12 avril 2024
par R.D.

CASIN TOIMIL, Pedro

le 12 avril 2024
par R.D.