Militant anarchiste de Grenoble, Brulé (parfois orthographié Brulet) fut condamné à l’été 1891 à 10 ans de travaux publics pour avoir jeté son fusil et son paquetage à la tête d’un capitaine — ce qui lui avait valu 2 mois de prison — puis le 20 mai avoir « envoyé paître l’adjudant qui le commandait pour le peloton de punition » lors d’une période de réserve. Lors du conseil de guerre il avait déclaré : « Je me fous des lois et j’ai plein le dos de la société bourgeoise. Quant à l’armée, je l’exècre ainsi que tout ce qui y touche… Pour ce qui est du capitaine Conty, j’ai déjà été condamné à 60 jours de clou pour lui avoir lancé mon flingot. Pourquoi me juge-t-on deux fois pour le même fait ? C’est de la jésuiterie… D’ailleurs, si je l’ai manqué, le capitaine, la faute en est à ma mauvaise vue”).
Il fut envoyé dans un bataillon en Algérie où au printemps 1892 il était en traitement à l’hôpital militaire de Bône et où le compagnon Louis Perrault qui avait été dénoncé après être venu le voir, avait été arrêté en mai. A l’automne 1892, un autre compagnon, Étienne Requet, sous le faux nom de Georges Jungers, était arrêté à Bône où, selon la police, il avait été envoyé pour aider Brulé à s’évader et avec lequel il était en correspondance par l’intermédiaire d’un infirmier de l’hôpital militaire. Dans diverses lettres saisies chez Jungers, Brulé souhaitait que divers divers attentats soient commis à l’encontre de gradés. Dans une lettre saisie et adressée au compagnon Just Millirat, faisant allusion à ses tentatives d’évasion, il écrivait : « Mon plus grand désir est de voir notre parti poser la griffe sur les murs de la Casbah afin de faire comprendre à ces vieux débris galonnés qu’on ne contrarie pas impunément nos projets… ». ajoutant « Nous n’avons pas encore parlé en Algérie, il est peut être temps de faire entendre la Niveleuse ». Un plan détaillé de la Casbah avait été ajouté à la lettre.