Dictionnaire international des militants anarchistes
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Y’en a pas un sur cent… et pourtant des milliers d’hommes et de femmes de par le monde, souvent persécutés, embastillés, goulagisés et parfois au prix de leurs vies, ont poursuivi leur chevauchée anonyme à la recherche d’un impossible rêve : un monde sans dieux ni maîtres.

DARNAUD, Émile

Né le 15 mars 1826 à Toulouse (ou à Foix ?) — mort en septembre 1914 — Roquefixade (Ariège)
Article mis en ligne le 3 avril 2010
dernière modification le 8 août 2024

par R.D.

Selon le rapport daté 28 mai 1871, rapport de Sicre, lieutenant au 67e régiment de ligne relatif à la mort d’Eugène Varlin (Sicre est demeuré comme étant celui qui s’appropria la montre de Varlin), il est fait état d’un capitaine nommé Darnaud, de la commune de Roquefixade (Ariège) qui, le 28 mai, se rendait à l’ambulance de la rue Saint-Lazare, n° 90, où se trouvait un officier blessé le 19 janvier précédent. Ce capitaine fut alors accosté par un prêtre qui lui désigna Varlin ; Darnaud aurait donc été celui qui fit connaître à Sicre la personnalité de Varlin (cf. La Vie ouvrière, 5 mai 1913).

Émile Darnaud qui était un sympathisant anarchiste, passa vingt-trois ans à l’armée (lettre à J. Grave, 4 octobre 1900). Dans la brochure Radical ou anarchiste (Paris, Bureau de La Révolte, 1888), il estimait que la révolution libertaire devait venir de la campagne : « … il faut conquérir les paysans à la révolution et leur faire comprendre que les travailleurs des villes n’entendent pas diriger les travailleurs des champs ; que ces derniers, une fois maîtres de la terre, s’organiseront librement au mieux de leurs intêrets… le paysan et l’armée, voilà les deux objectifs d’une vraie propagande socialiste… Tant que nous n’aurons pas gagné, amené le paysan à nos doctrines, nous nous agiterons en vain… ».

Émile Darnaud écrivait dans sa correspondance avec Jean Grave : « …je suis votre disciple ; puisque tous ces articles à qui je dois mon éducation anarchistes, sont de vous, ce que j’ignorais (28 février 1890)…A moi, vieux bourgeois, il me fallait Grave, c’est-à-dire un travailleur pour de bon, un connaisseur pour de bon et un militant aussi tenace et dévoué que raisonnable et vraiment modeste » (2 mars 1890).

En février 1894 il avait été l’objet d’une perquisition qui se révéla infructueuse et où il déclara à la police que, suite à la perquisition subie le 2 mai 1892, il avait pris « L’habitude de brûler toute sa correspondance avec les anarchistes ».

Deux imprimés, intitulés Mairie de Roquefixade, datés 1er juin 1896 et 8 février 1899, qui se trouvent à la Bibliothèque nationale (4° Lk 7/30 255 et 4° Lk 7/31 705), apportent quelques données sur la seconde partie de la vie de Darnaud. En 1881, il venait d’être élu maire de Roquefixade. Démissionnaire en 1886, il fut remplacé par un parent et ami. Il fut réélu le 3 mai 1896 par 117 suffrages sur 122 votants alors qu’il était absent de la commune et, à l’unanimité, choisi comme maire. Il le resta jusqu’en 1912. En mars 1890, dans une lettre au préfet reproduite par La Révolte (22 mars 1890), il avait refusé le poste de délégué sénatorial qui lui avait été confié à Roquefixade.

Émile Darnaud, dont le père et le grand-père avaient déjà servi la commune de Roquefixade, était officier de la Légion d’honneur et de l’Instruction publique. Il est mort à Foix (Ariège) en septembre 1914

Oeuvres : Une trentaine de brochures, souvent reproductions de lettres et d’articles, parfois réimprimées et traduites en portugais, hollandais, italien et s’échelonnant de 1886 à décembre 1913, sont de la période anarchiste de Darnaud dont : — Les travailleurs des villes aux travailleurs des campagnes (1888) ; — Les églises et l’État (1886) ; — La Marianne, recueil de notes sur la politique des paysans (1886) ; — Lettre d’un militant à un néophyte (1888) ; — Radical ou anarchiste (1888) ; — Le Cri du peuple (1888) ; Les compagnons ariégeois (1888) ; — Messidor (1888 ?) ; — La Société future (Foix, 189 ?). Une brochure de 1876, Vagabonds et Mendiants : Étude de Droit pénal, 78 p. fut « mise en harmonie avec les idées nouvelles de l’auteur » en 1890.

En 1892 il avait également été l’éditeur de la brochure Précis du mouvement (Foix, 31 p.), un condensé chronologique (1866-1891) de l’histoire de l’Internationale et de la Fédération jurassienne qui se trouve aux Archives de la Préfecture de police (APpo BA 77).

Onze lettres de Darnaud à Jean Grave, lettres écrites entre 1890 et 1900, se trouvent à l’IFHS (Institut Français d’histoire sociale).


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