Fils de Xavier et Marine Terrasse, Edouard Barrat, qui était célibataire, avait travailé à Lyon d’avril 1890 à novembre 1891, puis à Marseille, à Saint-Louis et à Sorgues avant de séjourner dans le Gard (Aigues-Mortes, Nîmes) où il militait activement dans le mouvement anarchiste. En août 1894 il était embauché sur le salins de Fangouse où il était l’objet d’une étroite surveillance.
Début 1895, il circulait entre l’Ardèche et la Camargue et le 29 avril 1895 était affecté pour une période de un mois comme « réserviste au 19e régiment d’artillerie de Nîmes où il se fit remarquer comme anarchiste ».
Dans une lettre du 16 mai 1895 adressée ai compagnon Lambert et saisie par la police, Barrat écrivait : « Chers camarades, je réponds à l’instant même à la babillarde que j’ai reçu des copains de Giraud. Cela m’a occasionné un très grand plaisir car j’avais grand peur que les hommes de Giraud soient partis ailleurs.
Les journaux de Grave et de Pouget sont publiés. Nous avons 2 numéros de La Révolte qui s’appelle aijourd’hui Les Temps nouveaux et La Sociale qui remplace Le Père Peinard.
Je donne connaissance de ta lettre aux compagnons de Nîmes, cela leur fait plaisir. malgré les lois draconiennes et liberticides qui nous visaient et nous avaient réduit au silence, les hommes de caractère et convaincus en ce qui concerne nos idées ne changent pas et seront toujours prêts à activer la lutte contre ceux qui nous régissent, et que la grande bêtise hulaine qui atrophie les cerveaux humains recinnait à d’autres hommes qui ne sont que comme nous, le droit de nous gouverner et de nous dominer et nous dévorer.
Je t’envoie par le même courrier les deux numéros qui ont paru de l’ancienne rédaction de La Révolte ainsi que le numéro de La Sociale avec une petite brochure qui vient de paraître. Je t’enverrai Dimanche les numéros suivants. Faits part de la babillarde aux camarades et tâchez moyen d’entre tous de faire quelque chose pour envoyer à Paris l’argent d’un abonnement de trois mois ou ce que les moyens pécuniaires permettent aux camarades de disposer pour que vous receviez les journaux en question.
Je te remercie beaucoup de ce que tu envoies ainsi que les camarades qui ont fait preuve de leur sympathie vis-à-vis de moi et de la lutte que nous envisageons et à laquelle nous nous consacrons poir qu’un jour cette bourgeoisie qui fait de nous un épouvantail disparaisse et qu’on oublie tout ce chaos de critiques dont la société actuelle mène chaque jour, pour faire rayonner la fraternité universelle sur le monde.
Je ne dis pas autre chose pour le moment. Je serra la main d’accord avec les copains de Nîmes qui envoient à ceux de Giraud une grande poignée de main anarchique. Le compagnon Edourd Barrat) la 5e batterie, 19e Régiment d’artillerie à Nîmes”.
Libéré de sa période de réserve le 26 mai 1895, Barrat était arrêté le 17 août pour « vagabondage » et écroué à la prison de Nîmes. Bénéficiant d’un non-lieu le 28 août, il quittait Nîmes, retrouvait le compagnon Janselme dit Mignon à Caveyrac et retournait à Aigues-Mortes.
En septembre 1903 il avait été signalé comme ayant disparu du département des Bouches-du-Rhône et avait été inscrit à l’état vert n°4 des anarchistes disparus et/ou nomades.
Au printemps 1906 il était docker à Port Louis du Rhône et participait à un mouvement de grève où furent arrêtés plusieurs grévistes et dont il fit le récit dans Le Libertaire (8 avril 1906). Il y participait à un nouveau mouvement de grève à l’automne (cf. Le Libertaire, 18 novembre 1906) où des incidents avaient eu lieu suite à un dépôt de plaintes pour « entraves à la liberté du travail » engagées contre Filliol et Ferrarini, respectivement secrétaire et trésorier du syndicat des dockers.
Edouard Barrat fut condamné le 21 novembre 1906, par le tribunal correctionnel de Tarascon, à une peine de prison avec sursis pour « entrave à la liberté du travail ».
L’année suivante on relevait son nom dans le journal corporatif heddomadaire L’ouvrier des ports.
En 1909 il collaborait au journal L’Ouvrier conscient organe mensuel « révolutionnaire syndicaliste (Marseille, n°1, 6 février à n°5, 16 mai 1909) dont le gérant était Gustave Cauvin. Il figurait, cette même année, parmi les membres de la commission chargée d’organiser une manifestation à l’occasion du retour en France des cendres d’Aernoult.
En décembre 1910 il présidait les conférences de l’avocat socialiste révolutionnaire Edmond Giraud et le 24 décembre 1911 prit la parole lors d’un meeting contre la répression en Espagne. Membre actif du Comité de défense sociale (CDS) dont les responsables à Marseille étaient Alexis Durand et Auguste Girard, et inscrit au Carnet B, il participait avec sa fille aux activités du Théâtre social.
En 1922 il collaborait à la rubrique “Tribune syndicaliste” de Terre libre (Marseille, 1922), organe de la Fédération anarchiste du sud.