Louis Briselance fut marchand forain puis commerçant sédentaire. Avant la guerre il vendait de la laine sur les marchés et participait chaque semaine à Issoudun où, à partir des années 1930 il fut en contact avec Alexandre Jacob. Il organisait dans la région de nombreuses réunions, dont une à la veille de la guerre avec Sébastien Faure à Chateauroux. Pendant la guerre il fut en contact permanent dans la région avec Pierre Valentin Berthier qui l’avait rencontré avant guerre chaque semaine sur le marché d’Issoudun : « Il était toujours d’une bonne humeur délicieuse ; sa douceur, son égalité d’humeur, son sourire, ne le quittaient pas plus dans son travail de camelot que dans son action de propagandiste, et multipliaient ici comme là sa très grande force de persuasion ». (cf. Défense de l’homme, n°176).
Après la Libération, il fonda le Cercle d’études sociales et organisa à Châteauroux (Indre), de 1945 à 1949, des conférences anarchistes suivies de discussions auxquelles prirent part entre autres Louis Louvet.
L. Briselance, qui se considérait comme le fils spirituel d’Alexandre Jacob auquel il avait vendu en 1954 sa maison en viager, qu’il allait visiter et aida régulièrement jusqu’à son suicide en août 1954, fut également militant abondanciste et défendait les thèses de l’économie distributive. A la chambre de commerce dont il était membre, il ne cessait de dénoncer les méfaits du capitalisme. Puis Briselance avait acquis un fourgon-bazar avant de se sédentariser et de tenir à Châteauroux le magasin Polyplastic.
De 1952 à 1956, il s’occupa également avec les sœurs Picard (institutrices syndicalistes) de Foncette Gaultier (voir ce nom), l’ancienne compagne de Sébastien Faure, alors qu’elle était dans l’Asile de Vieillards de Saint-Denis de Châteauroux.
Louis Briselance mourut à Déols (Indre) en mai 1963 et a été enterré le 24 mai.
P.V. Berthier, qui l’avait vu pour la dernière fois à la Toussaint de 1961 dans sa maison du Montet, à Déols, “construite de ses mains”, évoqua cette rencontre dans Défense de l’homme : « Atteint dans ses forces vives, il fut brutalement retranché de cette activité qui constitue l’existence même des tempéraments laborieux […] Il était cloué dans un fauteuil, et ne se leva qu’à très grand-peine avec l’aide d’une canne pour m’emmener à pas menus et comptés, voir les tableaux qu’il avait peints quand son état lui permettait encore cette occupation où il excellait […] Moi je le revoyais conduisant naguère sa voiture avec une sureté de main parfaite, ou bien jouant du violon, ou en train de couvrir sa maison, ou vendant au marché ses pelotes de laines multicolores et surtout propageant la révolution sociale et l’économie distributive — fût-ce sans les nommer — jusque chez les bonnes sœurs dans le parloir de leur couvent […] Une seule considération vient atténuer notre tristesse : souffrir ainsi, déjà, ce n’était plus vivre. »