Louis Chautant, qui était qualifié par la police de « combatif et violent » était un militant anarchiste de Lyon. Jouissant d’une santé médiocre, il avait été réformé.
A l’été 1881, il était membre, semble-t-il, de la commission d’action de la fraction abstentionniste du parti ouvrier aux cotés notamment de Rougeot, Joseph Bernard, Bordat et Deamicis.
Le 17 juin 1883 il avait participé à La Ricamarie (Loire) avec une centaine d’autres anarchistes — dont Tricot, Denhomme, Rullière, Métail, Ferdinand — à l’hommage devant le cimetière fermé par les autorités, rendu aux mineurs grévistes tués par la troupe en 1869. Il fut à partir du 8 juillet 1883 le gérant du journal La Lutte (Lyon, 19 numéros du 1er avril au 5 août 1883) où il avait remplacé Morel. Comme tous les autres gérants du journal il fut pousuivi et inculpé de « provocation par voie de presse au meurtre, au pillage et à l’incendie » et fut condamné par défaut à deux ans de prison et 3000f d’amende.
Chautant qui avait fait l’objet d’un mandat d’arrêt le 26 juillet 1883 avec Chomat et Thivolllier, avait déjà été condamné le 1er août à un mois de prison et 50 francs d’amende pour « outrages à magistrat et agents », s’était enfui en Belgique. Il semble que, le 21 juillet 1883, lors d’une réunion organisée par le groupe La Lutte à la salle de l’Elysée, Chautant ait reconnu un agent de police (Colomb) dont il avait dénoncé la présence, déclenchant un fort tumulte et divers cris et injures à l’encontre du dit agent. Il aurait alors ajouté qu’il « n’avait pas eu l’intention de provoquer la police » que « ce serait trop d’honneur à faire à Colomb qui ne valait pas un crachat” puis s’était écrié : « Je déclare franchement que si l’agent Colomb vient pour m’arrêter, je lui laverai la tête ! ».,
En mai 1885 il avait participé à une Manifestation au Père Lachaise et en septembre 1885 il fut arrêté à Paris pour rébellion et incarcéré à Clairvaux avant de bénéficier en janvier 1886 d’une mesure de grâce.
Revenu à Lyon, il y avait épousé vers la fin 1886 la jeune Benoite Baruérias et demeurait alors 33 rue Rachais.
Le 9 février 1887, suite à l’explosion de deux bombes au Palais de justice, il avait été l’objet d’une perquisition comme plusieurs autres militants de la région.
Le 6 août 1888, lors d’une réunion des ouvriers cordonniers, salle Rivoire à Lyon, il appela à résister à la « diminution de salaire imposée par les patrons » et dénonça avec violence « Le commissaire de police, les agents et les mouchards » assistant à cette réunion publique. Cette diatribe lui valut le 25 août une nouvelle condamnation à un mois de prison par défaut, car il s’était réfugié à Genève. Rentré clandestinement en France, il fut arrêté le 27 novembre à l’entrée d’un meeting socialiste et incarcéré pour purger sa peine.
Il résida ensuite à Genève et à Vienne avant de revenir à Lyon en 1893. Il cessa alors de fréquenter les milieux anarchistes, ce qui n’empêcha pas la police de le perquisitionner en février et juillet 1894, avant d’être rayé des listes des anarchistes à surveiller le 1er février 1898.
Toutefois en 1905 il était membre de l’union locale CGT de Lyon et était très actif dans la propagande antimilitariste.