Dictionnaire international des militants anarchistes
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Y’en a pas un sur cent… et pourtant des milliers d’hommes et de femmes de par le monde, souvent persécutés, embastillés, goulagisés et parfois au prix de leurs vies, ont poursuivi leur chevauchée anonyme à la recherche d’un impossible rêve : un monde sans dieux ni maîtres.

BALESTRI, Gino “NINO”

Né à Bazzano le 1er novembre 1901 — mort le 5 juillet 1983 — Maçon — Bazzano — Bruxelles — Marseille (Bouches-du-Rhône) — Oran (Algérie) — Barcelone (Catalogne) — Arcachon (Gironde) — Paris
Article mis en ligne le 12 octobre 2007
dernière modification le 8 août 2024

par R.D.
Groupe anarchiste italie : au premier plan, de g. à d. Gino et Angelo Balestri

Né dans une famille antifasciste de 13 enfants (dont trois décédés avant l’âge de 10 ans), Gino Balestri avait adhéré très jeune aux idéaux libertaires. Après avoir participé activement aux luttes ouvrières de la période du Biennio Rosso et notamment le 4 décembre 1919, avec entre autres Celso et Tonino Persici à l’attaque à Bazzano du siège du Circolo Rosa où la foule s’empara, en cette période de grande misère, de nombreux vivres ; au cours de cette manifestation le Maréchal des carabiniers, Severino Cagnoli, fut obligé par les manifestants de porter sur ses épaules un drapeau noir à travers les rues du village [1]. Il participait ensuite aux premières luttes armées contre les fascistes et était condamné à six mois et quinze jours de prison en 1921, puis à trois mois en 1925. L’année suivante, suite à une fusillade avec les fascistes — pour laquelle il aurait été condamné par contumace à onze ans de prison — il émigrait clandestinemnt en France où, sans papiers, il allait vivre au jour le jour dans des conditions précaires tout en poursuivant ses activités antifascistes.

Dès son arrivée en France il se lia d’amitié avec d’autres réfugiés anarchistes italiens comme les Gilioli, Camilo Berneri et sa famille, Renato Castagnoli, Umberto Cecotti, Tintino Rasi et sa compagne Ave, Vindice Rabbitti, Giuseppe Bifolchi, Alberto Meschi, Umberto Marzocchi, Enzo Fantozzi, Natalino Matteucci, la famille Lami, Renzo Cavani, Gino Bibbi et Luigi Damiano.

Arrêté à Paris en 1930, il fut expulsé en octobre en Belgique d’où, après avoir participé à un meeting à Bruxelles, il était expulsé au Luxembourg avant de regagner la France. En 1932 il prenait pour compagne Cosetta Lami fille du militant anarchiste Mario Lami (mort à Fontenay-sous-Bois en 1930) et partait s’installer avec elle à Marseille. Là, avec notamment Celso Persici, Edoardo Angeli, Giulio Bacconi, Cesare Fietta, Orazio Dondi, Emilio Pedrieri, Pio Turroni et Virgilio Fabrucci, il participait à l’organisation d’une coopérative de travaux du bâtiment qui allait permettre à de nombreux réfugiés poliriques d’obtenir du travail et des papiers et dont les bénéfices seront reversés au mouvement anarchiste.

Gino Balestri et sa compagne Cosetta Lami allaient souvent à Nice pour rendre visite à la famille Dondi et à Mario Baldini. Et c’est dans cette ville qu’ en 1933 il était arrêté pour avoir participé à une réunion de « propagande communiste » et était condamné à deux mois de prison pour « infraction à un décret d’expulsion » [2]. Vivant clandestinement à Marseille en 1934, il partait alors pour Oran (Algérie) où le rejoignaient sa compagne Cosetta Lami, et leur fille Luce (née à Paris le 3 mars 1934).

Gino Balestri et Cosetta Lami (Fontenay-sous-Bois, 1932)

En juin 1936 Gino Balestri revenait à Marseille, puis gagnait Paris où dès le déclenchement de la guerre d’Espagne, par l’intermédiaire du comité Pro Spagna dont s’occupait Tinitino Rasi, il partait comme volontaire dans la section italienne de la Colonne Ascaso et combattait à Almudevar et au Carascal de Huesca sur le front d’Aragon. Bien qu’opposé à la militarisation des milices, il continua ensuite de rester sur le front et fut membre du 4e Bataillon confédéral Pi y Margall commandé par Augusto Coll [3] ; il représenta le bataillon aux funérailles d’Antonio Cieri, qui avait remplacé Giuseppe Bifolchi à la tête de la section italienne et qui venait d’être tué sur le front de Huesca. Lors des évènements de mai 1937 et des combats avec les staliniens, il participait à la défense du siège catalan de la CNT-FAI situé à Barcelone sur l’avenue B. Durruti (anciennement Layetana).
Á l’été 1937 « quand j’ai compris que c’était foutu j’ai préféré partir », il rentrait à Paris où sa compagne avait mis au monde le 8 mars précédent leur deuxième fille Dina. Ne trouvant pas de travail il connaît alors avec sa famille deux années de grande misère. Suite au décret du 12 novembre 1938 permettant d’interner « Les étrangers indésirables », il était arrêté en 1939 et emprisonné six mois à la prison de Fresnes. Á sa sortie de prison il parvenait à obtenir des papiers en règle à son nom sans doute après avoir signé un engagement à la Légion étrangère afin de ne pas être envoyé au camp d’internement du Vernet. Á l’automne 1939 la famille Balestri résidait au 44 rue Planchat (20e arr.).

Pendant l’occupation il fut arrêté lors d’une rafle par les Allemands et déporté sans doute dans le cadre du Service du travail obligatoire (STO) dans un camp de travail à Cracovie puis à Lublin (Pologne). Après avoir réussi à s’évader en 1943, il regagnait la France et gagnait la région d’Arcachon où Amadeo Testoni le fit embaucher pour travailler au terrain d’aviation de Cazau et sur le Mur de l’Arlantique. Là, il permit à plusieurs antifascistes italiens — dont le compagnon Natalino Matteucci — qui ne voulaient pas partir en Allemagne de les faire embaucher. Comme Matteucci et Testoni il eut alors des contacts avec la Résistance. Après la libération il vivait à Paris avec sa compagne et leurs filles Luce et Dina, puis en 1952 il s’installait dans la région de Marseille où le 19 mars naissait sa dernière fille Alba et où il continuait de militer et surtout à aider les réfugiés espagnols. Après avoir essuyé de nombreux refus, Gino Balestri obtenait en 1955 sa naturalisation française.

Gino Balestri est mort à Aubagne (Bouches-du-Rhône) le 5 juillet 1983.


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