Jeune homme, les convictions sionistes d’Aaron Baron — dont le véritable nom était Faktorovich souvent retranscrit Kantorovich — l’auraient conduit en Palestine dont il serait revenu déçu, épisode qui semble toutefois peu vraisemblable. Déjà impliqué dans le mouvement anarchiste il avait participé à la révolution de 1905, puis en tant que membre du syndicat des boulangers fut arrêté en 1907 et déporté en Sibérie dont il parvenait à s’évader et allait ensuite au début des années 1910 aux USA, à Chicago où il participait avec sa compagne Fanya Grefenson au mouvement notamment comme rédacteur du mensuel The Alarm et adhéra aux IWW. Il collabora également à Golos truda (New York, 1911-1917) l’organe de la Fédératin des unions ouvrières russes aux États-Unis et canada. Le couple sera arrêté à Chicago début 1915 et battu pour avoir organisé une manifestation contre le chômage.
Dès la chute du tsarisme il revenait en Russie en juin 1917 avec Fanya et se fixait à Kiev où il était l’un des organisateurs du syndicat des boulangers et de leur coopérative de production. Il était le délégué des boulangers au Soviet de Kiev, mais quittait cet organisme lorsqu’il n’était plus qu’un rouage administratif. Fin décembre 1917 il fut chargé d’organiser le premier régiment de cosaques rouges.
Début 1918, muni des autorisations nécessaires il donnait trois conférences sur l’anarchisme ; à l’issue de la dernière il était arrêté avec plusieurs autres camarades par la Tchéka. Les ouvriers boulangers mobilisés pour lutter contre les armées blanches refusaient de partir au front tant qu’il n’était pas libéré. Il était relâché au bout de quatre jours et se rendait le lendemain au siège de la Tchéka avec un compagnon pour récupérer ses papiers. Il était de nouveau arrêté et n’était relâché qu’au bout d’une semaine après de nouvelles protestations des ouvriers boulangers. En ovembre 1908 il participait au congrès de fondation de l’organisation anarcho-syndicaliste Nabat où il était élu au secrétariat et co-éditait avec Voline l’organe du mouvement.
En 1919 il était à Ekaterinoslav en zone Makhnoviste. Il devenait membre de la section culturelle Makhnoviste et était chargé avec Piotr Archinov de l’édition de la presse du mouvement. En février il avait été délégué au II congrès des insurgés à Goulai-Polié. D’avril à juin 1919 il fut à Odessa l’éditeur du journal Odeskii Nabat qui fut interdit au bout de 7 numéros. En octobre 1919 il fut emprisonné à Moscou pendant quinze jours avec tous les membres du “Groupe de La Jeunesse” suite à l’attentat commis contre le siège du parti communiste.
Après sa libération, avec d’autres responsables du Nabat, il s’intégrait à la Makhnovtschina où avec Victor Belash il allait organiser un service de renseignement. Puis, suite à des désaccords avec Makhno il quittait l’armée révolutionnaire insurrectionnelle d’Ukraine.
Revenu à Karkhov, il participait à d’innombrables meetings, à l’organisation de syndicats et à l’édition des journaux Nabat et Golos Makhnovsta.
Fin novembre 1920 il était à Kharkov pour participer au congrès Panrusse des anarchistes. Il y fut arrêté par la Tchéka avec sa compagne Fanny et tous les délégués. Alors qu’on voulait le séparer des autres détenus, une bagarre éclatait et un coup de feu était tiré sur lui mais ne l’atteignait pas. Il était interné dans une cellule de la prison centrale de la Tchéka où après 36 h de grève de la faim il obtenait d’être regroupé avec les autres à la prison Boutirky de Moscou.
Début février 1921 il prenait la parole lors des funérailles de Kropotkine au nom des anarchistes emprisonnés et regagnait la prison le soir même. Ces funérailles qui avaient réunies près de 20.000 personnes allaient être la dernière manifestation publique des anarchistes en Union Soviétique. Lors de la déportation des anarchistes le 21 avril 1921 il participait au mouvement de résistance des détenus qui refusaient de quitter leurs cellules et qui seront tous battus.
Il fut transféré à la prison d’Orel tandis que sa compagne Fanya, transférée à Ryazan dont elle s’évadera, sera arrêtée en janvier 1921 à Moscou et sera fusillée en septembre 1921. Plusieurs fois on lui tirera dessus à Orel. Dans le but d’obtenir son retour à Moscou il fit une grève de la faim de huit jours. On lui promit le retour à Moscou, mais il n’en verra que la gare et était envoyé à Iaroslav où il participait à un mouvement de protestation des anarchistes qui se liaient les mains entre eux. Il avait été alors très sévèrement battu et avait dût être admis à l’hôpital.
Il a été ensuite transféré à Nijni Novgorod où il tombera évanoui sous les coups. A son retour de l’hôpital il refit une grève de la faim pour réclamer son transfert à Moscou. Il obtint gain de cause au bout de douze jours.
En août 1922 il était à Moscou où il devait être jugé, mais le procès était ajourné et il était renvoyé avec ses neuf coinculpés à Kharkov où dès leur arrivée tous commençaient une grève de la faim. Au bout de huit jours Baron et Tcherine étaient libérés et bannis de Russie avec un délai d’un mois pour régler leurs affaires.
Baron partait pour Kiev où sa nouvelle compagne F. Avroutzkaya était très malade. Il devait pointer à la Tchéka chaque jour. Après un mois et quinze jours supplémentaires il regagnait Kharkov pour obtenir son passeport mais était renvoyé à la tchéka de Moscou.
Dès qu’il se présentait à la Tchéka de Moscou il était arrêté en janvier 1923 et son ordre de bannissement était annulé. Il commençait une nouvelle grève de la faim et au bout de huit jours était emmené de force à la gare d’où on l’expédiait à Arkhangel. A son arrivée il apprenait qu’il avait été condamné — sans jugement- à deux ans de camp « pour propagande clandestine ».
Il était ensuite envoyé au camp de Petrominsk, fit une grève de la faim pendant 16 jours pour retourner à Arkhangel avant d’être alimenté de force.
Il mit ensuite le feu à sa paillasse avec d’autres camarades et était emmené à l’hôpital grièvement brûlé. A sa sortie il était envoyé en 1923 aux iles Solovietzki où il déclenchera une nouvelle grève de la faim.
Condamné à trois ans au camp des iles Solovietzki, Aaron Baron lors de sa libération à l’expiration de sa peine début 1925 était à nouveau arrêté : il déclarait immédiatement une grève de la faim qu’il poursuivit pendant quinze jours.
Déporté à Enisseisk et Bisk dans la province de l’Altaï (Sibérie) il était à nouveau arrêté en 1925 pour avoir entretenu une correspondance avec l’étranger. Il était alors envoyé à Karasino, au nord de Touroukhansk près de l’océan arctique ; il était alors atteint de scorbut et avait une maladie des yeux ; il ne pouvait plus avoir de correspondance, le premier bureau de poste étant situé à 300 kms et le courrier n’étant distribué que trois fois par an.
En 1927 il se trouvait toujours à Enisseisk. L’année suivante il fut arrêté à nouveau et déporté à Tachkent.
En 1931 après avoir purgé sa peine il était assigné à résidence à Voronéje où, en janvier 1934 il était à nouveau arrêté par le NKVD puis déporté en exil intérieur à Tobolsk où il fut arrêté, condamné à mort le 5 août 1937 et exécuté le 12 août.
Aaron Baron a été réhabilité en février 1957 et en janvier 2013, u groupe d’activistes renomma à son nom la rue Moskovskaia à Kiev.
Une partie de sa correspondance avec le Fonds d’aide de l’AIT est conservé dans le Fonds Fleshin à l’Institut international d’histoire sociale d’Amsterdam.