Très jeune, Jean-François Berne était venu à Paris, où il avait appris le métier de palissonneur en peaux ; il revint une première fois au pays, où il tint une épicerie, de 1884 à 1887, puis repartit pour la capitale où il demeura 28 rue des Tanneries.
Berne, en 1883, était membre à Paris du groupe du quartier Marceau auquel appartenaient également le neveu d’Élisée Reclus et de nombreux ouvriers mégissiers, puis qui avec Ricard et Moucheraud notamment, avait convoqué tous les anciens membres du groupe du Panthéon à une réunion le 15 juin 1888, salle Gaucher pour tenter de reconstituer un groupe dans le Ve arrondissement et qui cette même année était également signalé dans les réunions du groupe du XVe.
Installé à Annonay (Ardèche) en 1894, il fut surpris à faire de la propagande antimilitariste auprès des conscrits de la classe en partance ; une perquisition chez lui, en janvier 1895, permit la saisie de plusieurs exemplaires de La Révolte, du Père Peinard , du Catéchisme du soldat et le fit inscrire sur l’état des anarchistes.
Il en fut rayé en novembre 1897 : on considérait alors Berne, qui répudiait ouvertement la propagande par le fait, comme un socialiste ; il militait par ailleurs au très fermé et très modéré syndicat des ouvriers palissonneurs. Mais, en juillet 1897, c’est lui qui organisa à Annonay une conférence de Sébastien Faure ; il fut à nouveau soumis à surveillance, jusqu’en 1904 ; il avait, entre-temps, abandonné toute action militante. Toutefois, Les Temps nouveaux (20 août 1910) signalaient que l’enterrement de sa compagne avait « donné lieu à une petite manifestation anticléricale et rationaliste ».