Dictionnaire international des militants anarchistes
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JAMARD, Alphonse, Ernest
Né à Paris le 22 septembre 1842 - Distillateur – Paris - Londres
Article mis en ligne le 5 mai 2024
dernière modification le 16 mai 2024

par Dominique Petit, R.D.
Alphonse Jamard

Au mois de mai 1882, Alphonse Jamard se trouvait sur un des bateaux-mouches qui faisait le service de la Seine. Il eut une discussion avec le receveur au sujet du paiement de sa place. « Je ne paierai pas, s’écria-t-il, les bateaux-mouches sont à tout le monde ! » Un passager lui ayant fait observer que pour la somme de dix centimes, il était inutile de faire tant de bruit, Jamard se précipita sur lui et le frappa à la tête d’un coup de canne plombée. A l’embarcadère de Bercy, il fut arrêté, après avoir opposé une très vive résistance, et conduit par les gardiens de la paix au commissariat de M. Cotton d’Englesqueville, boulevard Diderot. Il fit des déclarations tellement incohérentes que celui-ci, pensant avoir affaire à un fou, l’envoya à l’infirmerie spéciale du Dépôt de la Préfecture de police. Jamard fut examiné par le docteur Legrand du Saulle et conduit à l’Asile de la Ville-Evrard, où il avait été déjà interné deux fois. Il s’y trouvait à peine depuis quelques jours qu’il s’évada le 6 octobre 1882, après avoir assommé deux gardes.Toutes les recherches faites pour le retrouver restèrent infructueuses.
Il se réfugia ensuite à Londres où il travailla pendant un an dans une maison de tapisserie.

Voulant revoir sa fille, il revint à Paris le 1er novembre 1883, Aussitôt son retour, il s’affilia à un groupe anarchiste animé par Digeon (voir ce nom). Il trouva du travail à la maison Hermermann, rue de l’Asile-Popincourt et devait commencer le 12 octobre.
Le commissaire Cotton d’Englesqueville apprit que Jamard venait de revenir à Paris et qu’il demeurait chez un ouvrier chaisier, nommé François Hénon, demeurant passage des Quinze-Vingts.
Le 11 octobre, à 7h30, le commissaire se rendit au domicile de Hénon, au moment où les agents entrèrent, Jamard était maquillé et portait une fausse barbe, lisant un journal anarchiste, au coin du feu. Jamard, fut arrêté et interné à Bicêtre.

Au mois de décembre 1883, à l’instigation d’Emile Digeon, Le Cri du peuple publiait une série d’articles tendant à démontrer que Jamard n’était pas fou et qu’une cabale avait été montée contre lui.

En octobre 1886, à l’occasion d’une motion déposée au conseil général de la Seine sur les conditions d’internement dans les asiles d’aliénés, Joffrin déclara : « Je connais parfaitement Jamard, et je puis affirmer qu’il n’a jamais été fou. C’est même une véritable chance qu’il ne soit pas devenu fou. Car ceux qui ont pu visiter des asiles d’aliénés, on dû se rendre compte que, dans un milieu de ce genre, il y a 99 chances sur 100 pour qu’une personne qui n’est pas aliénée le devienne. »

D’aprèsle Radical : Jamard était « un vieux travailleur qui s’est usé à la tâche et que l’on a impitoyablement renvoyé de l’usine dès que ses forces l’ont trahi. Dans son métier l’on vieillit vite ; il travaillait dans les alcools. » Devenu alcoolique à cause de son métier de distillateur, Jamard avait été interné pendant 3 ans à Bicêtre.

Le 31 mars 1892, il demeurait 3 rue Erard (XIIe arr.)
Le 23 avril 1892, Jamard habitait 24 rue Lepic. Depuis décembre 1893, il logeait 6 passage Stinville. Il était noté comme étant un anarchiste militant « dangereux ».

En novembre 1893, à l’occasion de l’attentat dans un théâtre de Barcelone, Jamard regretta que des personnes innocentes aient pu être atteintes et qu’il fallait agir contre le gouvernement et les capitalistes. Après l’attentat de Léauthier, il craignit que des mesures coercitives soient prises contre les anarchistes.
Le 14 décembre 1893, Ernest Mille prévenait ses amis Jamard et Carteron « qu’il tenait de bonne source que des arrestations en masse allaient être opérées dans le clan anarchiste. »

Jamard figurait sur l’état récapitulatif des anarchistes au 26 décembre 1893.

Le 1er janvier 1894, lors de la rafle suivant l’attenat de Vaillant, Alphonse Jamard était perquisitionné à son domicile, à une heure très matinale. M. Siadoux, commissaire de police du quartier de la Maison-Blanche, avait été chargé d’opérer cette perquisition, accompagné de son secrétaire et de deux agents de la brigade des re-cherches. Il s’étaient présenté à six heures précises au domicile de Jamard, qui avait tout d’abord refusé d’ouvrir, menaçant de tuer à coups de revolver le premier qui pénétrerait.
Après quelques pourparlers, Mme Jamard s’était décidée à ouvrir la porte de son logement où avaient aussitôt pénétré le commissaire de police et ses auxiliaires ; Jamard s’était retranché dans une pièce faisant suite à celle où se trouvait la police. Lorsque M. Siadoux était entré dans cette chambre, il avait vu l’anarchiste debout sur le lit, passant ses vêtements. Les papiers emportés par le commissaire de police du quartier formaient un très modeste ballot. Jamard n’avait pas été autrement inquiété.

Arrêté le 28 février 1894, à son domicile, pour association de malfaiteurs. Il cria « Vive l’anarchie ! » lorsque que le commissaire l’emmena.
Son dossier à la Préfecture de police portait le n°227.154.


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