Dictionnaire international des militants anarchistes
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Y’en a pas un sur cent… et pourtant des milliers d’hommes et de femmes de par le monde, souvent persécutés, embastillés, goulagisés et parfois au prix de leurs vies, ont poursuivi leur chevauchée anonyme à la recherche d’un impossible rêve : un monde sans dieux ni maîtres.

BALLERINI, Emma [née Maria Gemma MENNOCCHI]

Née le 9 décembre 1867 à Lucca (Toscane) — morte en ?? — Couturière — Italie — São Paulo (Brésil)
Article mis en ligne le 31 décembre 2019
dernière modification le 8 août 2024

par R.D.

Mère à l’âge de dix-neuf ans, Maria Mennocchi épousa l’année suivante Aurelio Ballerini, voisin et fonctionnaire, âgé de un an de plus qu’elle et peut être père de son premier enfant. Déjà mariés, ils eurent leur deuxième enfant, mais en 1891, son mari demanda la séparation de corps l’accusant de « trahison répétée de leurs devoirs conjugaux ». Les juges approuvèrent la demande du mari et Maria Gemma fut laissée seule sans enfants, sans toit et sans moyens de subsistance.
On sait peu de choses sur ces années sombres où Maria Gemma fut forcée de survivre seule, jusqu’en 1897, où elle rencontra l’anarchiste romain Gigi (Luigi) Damiani (voir ce nom) avec lequel elle émigra au Brésil. Ils résidèrent d’abord dans l’État du Paraná, puis à Sao Paolo où Damiani devint une référence centrale de l’anarchisme brésilien.

Maria Gemma travaillait comme couturière, et sous le nom d’Emma Ballerini était une active militante anarchiste. On sait qu’à Curitiba, où le couple avait vécu avant de s’installer à Sao Paolo, elle avait donné une conférence à L’International Bar en 1907.

Emma était toujours présente aux réunions culturelles, active au sein du syndicat et participait aux manifestations et mobilisations libertaires, En Italie, elle avait achevé la première année de L’école normale, et avait acquis un haut niveau d’éducation pour une femme de cette époque.

Elle était membre et porte-parole de l’Association des femmes Jovens Idéalistes de São Paulo, avait participé » à la fondation de La Battaglia (1904), journal créé par Oreste Ristori et co-dirigé par Damiani.

En 1911, elle mena la campagne contre la pédophilie après la découverte de cas de maltraitance d’enfants dans les institutions catholiques et notamment contre le prêtre Consoni, accusé du viol de la jeune fille Idolina Stamato à l’orphelinat Cristóforo Colombo.

Elle était infatigable dans la collecte de fonds, dans la propagande et dans son propre travail de couturière qui lui permettait d’aider au militantisme de Damiani scénographe de
profession. Ceux qui l’ont croisé soulignaient qu’elle portait toujours une jupe noire et un chemisier rouge ou vice versa et n’ acceptait pas de porter un chapeau.

Huit ans après avoir résidé au Brésil, Emma était retournée en Italie pour récupérer son deuxième fils, — sachant que le premier s’était suicidé. En mai 1913, elle se rendit de nouveau en Italie avec son compagnon pendant trois mois, puis en septembre retournait avec lui au Brésil.

En octobre 1919, la police brésilienne expulsa Gigi Damiani lors de la répression déclenchée contre les anarchistes, pour leur soutien à la grève générale et après l’explosion d’une bombe au centre de São Paulo. Damiani fut arrêté le 22 octobre et quelques jours plus tard, il fut amené clandestinement à Rio de Janeiro et embarqué à destination de l’ Italie sur le Principessa Mafalda, sans procès préalable. La police de San Paolo avait fait un faux rapport de vol contre lui pour justifier son expulsion, l’accusant d’avoir effectué un dépôt d’argent volé au nom d’Emma Ballerini.

Emma dirigea les manifestations contre l’expulsion des anarchistes et la diffamation de son partenaire et écrivit dans le journal A Plebe l’article « En défense de Gigi Damiani », pour dénoncer les mensonges de la police.

Peu de temps après la déportation de Gigi, Emma se rendit en Italie où ils purent se rencontrer le 2 janvier 1920, mais en 1921, le couple mit fin à a relation. Damiani resta à Milan pour l’édition de Umanitá Nova avec Errico Malatesta et Emma retourna au Brésil.

Elle s’y consacra pendant une cinquantaine d’années à sa maison de couture, entourée de son fils, de ses petits-enfants et de vieilles amitiés. Elle fit de nombreux voyages en Italie pour visiter des parents, passer des vacances et suivre les évolutions de la mode à Florence et Milan.


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