Ayant participé à la Commune, Jean Breton fut condamné en 1871 par le conseil de guerre de Paris à la déportation. Il rentra en France après l’amnistie.
Il prit le nom de Constant et s’installa à Clichy (Seine). En décembre 1905, il fut élu au conseil d’administration de l’Union syndicale de la voiture et habitait alors au 22, boulevard de Lorraine. Avec Le Blavec, qui habitait Levallois-Perret, Constant restera jusqu’à la Première Guerre mondiale un des dirigeants de la corporation de la voiture. En 1908, il était trésorier de l’Union syndicale des ouvriers de la voiture du département de la Seine, fonction qu’il devait occuper jusqu’en 1913. De même, il fut élu conseiller prud’homme en 1910, sa candidature ayant été soutenue par le Syndicat de la voiture contre le très réformiste Hardy, secrétaire de la Fédération des maréchaux.
Constant ne négligeait pas l’action locale. Il apparaît en 1907 dans les meetings de la Bourse du travail de Clichy. En 1908, il représentait cette Bourse au comité fédéral, et, l’année suivante, il en fut élu secrétaire.
En décembre de la même année, dans une réunion à la Bourse du travail, il exposa son projet de constituer un syndicat des locataires en opposition au syndicat des propriétaires qui venait de se former à Clichy. Le conseil d’administration fut composé le 14 janvier 1910, toujours à Clichy, et Constant élu secrétaire. L’idée n’était pas nouvelle et Constant remettait à l’honneur les méthodes d’action de la Ligue des antiproprios, qui sévissait à Paris vers 1890. La principale activité était la pratique des déménagements à la cloche de bois, qui fut toujours très populaire. Mais à côté, Constant donnait au syndicat un mode d’organisation et de fonctionnement très proche de n’importe quelle autre organisation corporative de la C.G.T. Ainsi, la pratique de l’action directe, admise comme la meilleure forme de lutte, incluait également de solides revendications économiques. Le moyen ultime préconisé par le syndicat, tant qu’il fut sous l’influence de Constant, fut la grève générale des loyers. Jusqu’en 1911, il fut un militant actif du Syndicat des locataires, et cette même année il était élu secrétaire de la fédération nouvellement créée. Depuis la naissance du groupement, il était également secrétaire de la section de Clichy.
Le Syndicat des locataires reçut un accueil enthousiaste et des sections se créèrent bientôt dans tout le département de la Seine. Le 15 février, il fut décidé de grouper les diverses sections des locataires et le titre d’Union syndicale des locataires ouvriers et employés de Paris et du département de la Seine fut adopté. Le secrétaire en était Georges Cochon.
Constant allait vite s’opposer à la forte personnalité de Cochon, et, dès avril 1911, il blâmait le conseil d’administration du syndicat d’avoir demandé le concours de députés pour appuyer ses revendications. Devant la tournure des événements, il abandonna le Syndicat des locataires et son action revint se fixer sur la corporation de la voiture, dont il venait d’être nommé secrétaire de la fédération. Cette même année, il représentait la Bourse de Rouen au comité fédéral (section des B.D.T.).
Jusqu’en 1914, Constant allait être un des principaux instigateurs des mouvements de grève des ouvriers de la voiture qui touchèrent l’industrie automobile de l’agglomération parisienne (très concentrée dans la banlieue nord, et notamment à Levallois-Perret) en 1912 et 1913. Mais les échecs successifs des grèves de 1906 et 1912 avaient provoqué un désintérêt croissant des ouvriers concernés. A ce propos, un rapport de police daté du 28 mars 1913 affirmait avec raison : « C’est l’élément révolutionnaire, voire anarchiste, à la tête duquel se trouve le nommé BRETON dit CONSTANT, qui, dans ce but [la grève générale], travaille les ouvriers de la voiture, mais une certaine résistance se manifeste » […].
Toute l’action syndicale de Constant était teintée d’idéologie libertaire. Il apparaît en 1910 dans les réunions de la Jeunesse libertaire de la Seine. En mai 1911, il était d’ailleurs noté, avec Charbonnier, comme un des membres les plus en vue de cette organisation. De même, ancien disciplinaire, il fut membre dès sa création du Groupe des libérés des bagnes militaires, fondé par Émile Aubin en mai 1910. Il participa à de nombreux meetings organisés par ce groupe, dans le cadre de la campagne pour la suppression des compagnies de discipline.
Cependant, après l’échec du mouvement de 1913, Constant s’éloigna du syndicat et on ne retrouve plus trace de son activité.
Se confond il avec Jean Breton Né le 3 octobre 1853 à Saint-Aubin (Jura) ; engagé volontaire pour cinq ans et caporal au 2e régiment de zouaves, Jean Breton passa à la Commune et le 18e conseil de guerre le condamna à la déportation dans une enceinte fortifiée le 15 mars 1872 ; amnistié, il rentra par Le Navarin.