C’est encore adolescent qu’Aristide Delannoy avait quitté Béthune pour aller étudier la peinture à Paris où il fut élève de l’École des Beaux-Arts, « Trop indépendant pour se soumettre aux disciplines dogmatiques de l’École, il ne s’engagea pas comme beaucoup de ses camarades d’ateliers dans la voie des concours et des récompenses »(cf. Les Temps nouveaux. Pour vivre, il donna pendant plusieurs années des dessins à « La presse illustrée et amusante » avant d’abandonner l’illustration dite humoristique pour durant dix ans « se dépenser sans compter en faveur de ceux vers qui allaient ses sympathies : les opprimés, les dupés ».
Il collabora alors activement aux périodiques de tendances libertaires et antimilitaristes dont L’Assiette au beurre (1901-1910), L’Almanach de la révolution (1902-1907) Le Cri de Paris, La Guerre sociale (1906-1907), Les Hommes du jour (1908-1911), La Voix du peuple (CGT), Le Pioupiou de l’Yonne (octobre 1910) et Les Temps nouveaux (1905-1910) auxquels il fit don de plusieurs lithographies…
Il était inscrit au Carnet B et certaines de ses caricatures lui valurent d’être perquisitionné et même une condamnation. Le 26 septembre 1908, pour avoir, dans Les Hommes du Jour, représenté en boucher le général d’Amade qui s’était illustré au Maroc, Delannoy et Victor Méric furent condamnés à un an de prison et 3 000 f d’amende ; les deux hommes furent incarcérés à la Santé. Delannoy, atteint de tuberculose, fut libéré le 21 juin 1909 avant l’expiration de sa peine.
En février 1910, il cosignait le manifeste du Comité antiparlementaire révolutionnaire initié par Jules Grandjouan.
Très gravement atteint par la tuberculose, il avait ensuite été envoyé en traitement à l’hôpital de Saint-Raphaël au début de 1911 ; on le ramena chez lui, à Paris, 88, avenue du Maine, le 9 avril, et il mourut le 5 (oule 6 selon Les Temps nouveaux) mai suivant. La levée du corps se déroula en présence de « quelques camarades de lutte » puis fut transféré à la gare du nord dans un tain pour Béthune où il devait être enterré.
Les Temps nouveaux (13 mai 1911) écrivait : « C’est un de nos meilleurs amis qui s’en va et nus garderons vivace le souvenir de l’artiste modeste, affable, bon, foncièrement honnête que fut Delannoy. Il était de ceux qui honorent la cause qu’ils servent de toute leur foi et forcent l’admiration de leurs adversaires » (cf. Les Temps nouveaux, 13 mai 1911).
A. Delannoy avait exposé au salon des Artistes indépendants de 1902 à 1907.
Il fut également l’auteur d’une série sur les mineurs intitulée Les Gueules noires et de couvertures de brochures : L. et M. Bonneff, Les Travailleurs du Restaurant, J. Uhry et E. Lafont, L’Aventurier contre la Loi, L’étranglement de la grève des cheminots, préface de J. Jaurès.
Fin mai 1911, un comité — présidé par Séverine et auquel avaient entre autres adhéré Anatole France, Octave Mirbeau, P. Quillard, Lucien Descaves, Signac, M. Luce, Grandjouan, Léon Werth, Eugène Merle, Jean Grave, Almereyda, Eugène Merle, P. Monatte — avait été constitué afin d’organiser au profit de sa veve et de leur fillette, une exposition vente de ses œuvres et une tombola.