Dictionnaire international des militants anarchistes
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Y’en a pas un sur cent… et pourtant des milliers d’hommes et de femmes de par le monde, souvent persécutés, embastillés, goulagisés et parfois au prix de leurs vies, ont poursuivi leur chevauchée anonyme à la recherche d’un impossible rêve : un monde sans dieux ni maîtres.

DUCHEREUX, Antoine, Louis

Né à Montluçon le 12 mars 1867 — mort le 21 octobre 1929 — Manœuvre — AIA — CGT — Montluçon (Allier)
Article mis en ligne le 17 mars 2007
dernière modification le 8 août 2024

par R.D., René Laplanche

D’abord militant socialiste, Antoine Duchereux, qui travaillait comme manœuvre aux usines Saint-Jacques de Montluçon, avait été nommé au bureau de l’Union centrale des travailleurs métallurgistes de Montluçon, constituée le 1er janvier 1903, adhérente à la CGT en 1904 et dont étaient également membres plusieurs libertaires dont Bonnefont, Marius Marchand, Melloux, Bonnat et Peychaud. Il était devenu anarchiste après une conférence d’Ernest Girault en septembre 1904. Il devenait rapidement le secrétaire du groupe anarchsite local, puis trésorier de la section de l’Association Internationale Antimilitariste (AIA) qui venait d’être fondée à Amsterdam. Selon divers rapports de police datés de novembre 1904, il existait « à Montluçon depuis le mois de septembre dernier une section d’anarchistes internationaux antimilitaristes » dont Duchereux, qui résidait rue Neuve était le secrétaire. C’est cette section, en fait de l’ Association internationale antimilitariste (AIA), qui avait organisé le 18 septembre une conférence de Girault à la salle des fêtes de l’Hôtel de Ville de Montluçon et en novembre 1904 la conférence antimilitariste de Victor Méric qui avait réuni 300 personnes à l’édifice communal de la Ville Gozet. Selon la police la section de l’AIA regroupait en juillet 1905 environ 300 inscrits, dont les deux tiers de métallurgistes. Sous l’impulsion de L. Grandidier, Duchéreux, Bonnat et d’autres, des sections avaient été créées dans les communes environnantes (Domérat, Désertines, Bézenet, Montvicq, etc).

Usine Saint-Jacques de Montluçon (Doc. R. Laplanche)

En octobre 1905, la police perquisitionnait son domicile et saisissait un carnet d’adresses appartenant à Louis Grandidier qui logeait chez lui. A cette même époque il était le responsable de listes de souscriptions pour la publication d’un organe local L’Insurgé qui n parut sans doute pas puisqu’en décembre ces souscriptions furent versées à la défense de Louis Grandidier.

Etroitement surveillé, il fit l’objet en 1906 de nombreux rapports : le 18 février la police signalait qu’il s’était présenté « en gare pour retirer un colis d’affiches antimiitaristes » ; le 18 mars il participait dans l’ancien logement de Louis Grandidier à la réunion d’une quarantaine de militants anarchistes — dont Marchand, Bonnat et Bonnefont — en vue de « préparer un collage d’affiches antimilitaristes » ; le 8 avril il était avec Meloux, asseseur au bureau de la réunion publique et contradictoire organisée par la CGT et ayant réuni 200 personnes où il avait « pris la parole pour dénoncer les agissements de cetains patrons » ; le lendemain 9 avril « suite à une réunion sur la Compagnie Saint-Gobain et à la causerie de l’anarchiste Duchereux… il a été décidé que la commission de la journée de 8 heures organiserait deux réunions des ouvriers de cette corporation à 8 ou 10 jours d’intervalle pour que les postes de jour et de nuit puisent y assister » ; dans son rapport le commissaire le décrivait « comme intelligent et dangereux pour l’efficacité à propager les idées anarchistes » et signalait que la Commission de la journée de 8 haures avait désigné « Duchereux, Bonnat et Charrière, tous militants libertaires » pour faire partie d’une délégation devant être reçue par le sous-préfet. Dans un autre rapport daté du 18 avril concernant la réunion publique organisée par la CGT en favuer du personnel féminin de l’usine de faux-cols Hayen et tenue au restaurant Fanny, rue de Limoges, la police signalait la présence de 150 femmes de l’usine et d’une cinquantaine de libertaires ; Duchereux invita l’assistance à élire un bureau : « Mademoiselle Marchand (soeur de l’anarchiste de ce nom) fut élue présidente » et à l’issue de la réunion « Le projet de création d’un syndicat général de l’habillement est lancé » qui comprendrai « en plus les couturières, modistes, etc ». Le 28 avril suivant, en signe de reconnaissance, les ouvrières de l’usine Hayen, lors d’une réunion privée, offrirent à Duchereux un bouquet de fleurs

L’échec d’une grève suscitée en 1906 par les libertaires, aurait entrainé la disparition tant du groupe libertaire que de la section de l’AIA.

Antoine Duchereux est mort à Montluçon le 21 octobre 1929.


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