Iakov Dubinsky, connu en France sous le nom de Jacques Doubinsky (parfois Doubinski), était né en Ukraine dans une famille d’artisans juifs et avait fait ses études dans une école professionnelle d’Odessa où il était déjà membre des Jeunesses syndicalistes. Lors de la révolution il avait rejoint un détachement de l’armée Makhnoviste. Après l’écrasement du mouvement par les bolchéviques, il avait été arrêté puis était parvenu à émigrer en Bulgarie où il allait être très actif jusqu’au coup d’État de 1923 où il était arrêté et torturé. Après s’être évadé il parvenait à gagner Paris où il s’insatllait en 1924 « dans une petite mansarde du XIIIe arrondissement, gagnant péniblement sa vie en tressant des chaussures comme la plupart des émigrés serbes et bulgares » (témoignage de M. Picqueray) et établissait des relations avec les militants anarchistes russes, bulgares et juifs. Il devenait alors le rédacteur de la revue yiddish Notre Vie.
Avec Voline, Alexandre Berkman, Senya Fleshin et Mollie Steimer il était en 1927 l’un des fondateurs du Groupe d’aide aux militants anarchistes exilés de l’est et collaborait au journal anarchiste russe Golos Trouda publié aux États-Unis. Il collectait alors des fonds pour venir en aide aux militants emprisonnés en Union soviétique. Il avait participé à la même époque à la rencontre de Nestor Makhno et de Buenaventura Durruti où ce dernier avait proposé à l’ancien responsable Makhnoviste de venir continuer la lutte en Espagne.
Délégué du syndicat intercorporatif de Paris au 4e congrès de la CGTSR (11-13 novembre 1932) il y avait été élu membre de la nouvelle Commission administrative de l’organisation anarcho-syndicaliste avec entre autres Doubinsky, Robinet, Demmeure, Snappe, Boisson, Ganin…
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Les 1er-2 juin 1931 il avait été délégué au congrès tenu par l’AIT à Madrid.
Avec sa compagne Rosa, il avait fondé la librairie anarchiste juive « L’Autodidacte ».
Caché pendant la seconde guerre mondiale, il avait fondé à la libération le groupe Les Amis de Voline qui allait s’occuper de la publication du livre « La Révolution inconnue ». Puis il était un des éditeurs avec David et Golda Stetner du journal Der Freie Gedank organe du groupe anarchiste yiddish de Paris. Lorsqu’à la fin des années 1940, les autorités communistes avaient commencé à persécuter les anarchistes en Bulgarie, il participait à la Commission d’aide aux antifascistes bulgares qui publiait la brochure « Bulgarie, nouvelle Espagne ». Il fut également à cette époque l’organisateur de la distribution aux anarchistes juifs de l’aide reçue des États-Unis par l’intermédiaire de Boris Yelenski.
Jacques Doubinsky était allé plusieurs fois aux États-Unis où il avaitde nombreux contacts dans le mouvement libertaire et c’est lui qui avait ramené en Europe le dernier message de Rudolf Rocker.
Jacques Doubinky est mort le 18 février 1959.
Son petit fils, Sébastien Doubinsky, dans le roman « Les vies parallèles de Nicolas Bakhmaitov », s’est largement inspiré de la vie de son grand-père pour le personnage principal.