Après de bonnes études au Lycée de Toulon, Jules Bernard dit Sénés était entré à l’arsenal dont il ne tarda pas à être renvoyé en 1891 en raison de ses opinions. Il travailla dès lors comme journalier et cordonnier. Prenant souvent la parole lors des réunions, il n’était toutefois pas considéré comme un partisan de la propagande par le fait. Il vivait chez sa mère au quartier de la Loubière et se faisait adresser sa correspondance chez sa compagne l’ouvrière matelassière Pauline Weise qui n’était pas, semble-t-il, militante. Il aurait collaboré à La Voix du Peuple et au Diable vert et aurait été l’un des correspondants à Toulon de La Révolte et du Père Peinard. Il aurait également collaboré à cette époque à divers organes anarchistes sous les pseudonymes de G. de Terouane, Brutus et A.H. Blavigny.
En janvier 1894, comme plusieurs autres militants de Toulon, il avait été l’objet d’une perquisition où rien de suspect ne fut trouvé, les compagnons, prévenus par la presse de l’imminence de ces perquisitions, ayant eu le temps, selon la police, de « faire disparaitre ce qu’ils pouvaient avoir de compromettant ».
En octobre 1894 il était allé s’installer à Mazaugues (Var) où, sur le point de se marier, il écrivit au préfet une lettre où il l’informait qu’il n’avait « absolument plus rien de commun avec les sectaires anarchistes, théoriciens ou impulsifs : je me détache à tout jamais des idées anarchistes ou équivalentes », faisant sa « soumission pleine et entière à la République et aux lois de la Nation… Ni anarchiste, pas même socialiste : rien ! Honnête home je suis et je reste ». Il fut radié en décembre de la liste des anarchistes tout en restant discrètement sous surveillance pour « s’assurer de sa sincérité ». Après son mariage, il postula en 1895 auprès du préfet pour un emploi de facteur rural ou de « simple gardien de prison », l’administration ayant en lui « un zélé serviteur soumis aux réglements en vigueur et respectueux envers ses honorables chefs ».
A l’automne 1898 il était signalé comme agent électoral du parti socialiste dans le Var et selon le commissaire spécial, ne méritait « aucune confiance » : il venait d’écrire une nouvelle lettre au Directeur de la Sureté nationale où, après avoir dénoncé « L’Hydre révolutionnaire », il se proposait comme mouchard appointé pour infiltrer les groupes de la région.
Vers le début 1900, suite au décès de son épouse, il avait quitté Mazaugues.