Comme son frère aîné Armido, Oreste Abbate avait été condamné le 28 janvier 1908 à 5 mois de prison pour « insoumission ». Le 15 mai 1915 il avait commencé à travailler comme ouvrier spécialisé à l’arsenal de Venise dont il fut licencié par le Commandant militaire à la suite de ses idées. Renvoyé à Naples, puis incorporé dans un régiment d’infanterie à Tarcento, il désertait le 29 octobre 1916 et passait en Suisse d’où il était expulsé comme « suspect bolchévique ».
Passé en Allemagne, il participait début 1919 à la révolution allemande et notamment aux combats à Berlin au siège du journal Vorwärts. Fait prisonnier il était interné à la prison Moabit avec notamment Luzinano Zingg, Dario Fieramonte, Francesco Misiano et Duilio Balduini ; il était donné pour mort, avant d’être remis en liberté en mars 1919. Il se réfugiait alors à Zürich dans la famille Zanolli avant de revenir à Berlin où il fréquentait le compagnon Bruno Misefari.
Suite à l’amnistie de septembre 1919 il rentrait en Italie et s’installait à Trieste où il ouvrait un magasin d’appareils électriques. Il y recevait à plusieurs reprises Francesco Misiano devenu député. En janvier 1925 il était l’objet d’une saisie de plusieurs dizaines de livres révolutionnaires en langue russe et allemande.
Au printemps 1930 il partait de nouveau en Allemagne puis gagnait l’URSS pour y travailler dans une usine d’armement. Entre fin 1934 et le printemps 1936, il alla à 3 reprises à l’ambassade italienne de Moscou pour y renouveler son passeport ; selon les autorités italiennes, il y aurait durement critiqué les conditions de vie des ouvriers en URSS, aurait déclaré avoir rencontré l’ancien député Misiano mais s’était dit « désintéressé de la politique » et ne fréquentant pas les autres réfugiés italiens. En 1937 il parvenait à émigrer en France où il s’installait à Paris.
En 1948 il habitait toujours Paris et était toujours l’objet de surveillance par les autorités italiennes. On ne sait pas ce qu’il est ensuite devenu sinon qu’il est décédé en France en 1949.