Dès l’âge de 15 ans Auguste Bordes, fils aîné du compagnon Guillaume Bordes, travaillait comme commis chez un marchand de vins et était fiché comme anarchiste.
Le 6 mars 1894 il fut arrêté avec une quinzaine d’anarchistes ou supposés tels (voir Louise Pioger) lors d’une rafle au cabaret Duprat rue Ramey où il travaillait et était logé.
Avec une violence inouïe, selon La Justice, les agents au nombre d’une quarantaine se précipitèrent sur les consommateurs, et sans autre forme de procès, commencèrent à frapper à coups de poings et à coups de canne ; ne sachant au juste à qui ils avaient affaire, les gens attablés cherchaient à se défendre. La lutte dura près d’une demi-heure. Enfin, les tables cassées, les verres brisés, les consommateurs à moitié assommés, la police resta maîtresse du champ de bataille. Dix sept personnes, aussitôt arrêtées, furent conduites au poste de la mairie du 18e arrondissement, où M. Fédée passa une partie de la nuit à les interroger.
Auguste Bordes, âgé de 15 ans, qui se trouvait dans le cabaret au moment de l’arrivée de la police, se réfugia dans l’appartement occupé par Louise Pioger et par son gendre Benoît Morel, ébéniste mais il fut arrêté lui aussi.
A la porte du poste, une vieille femme pleurait. Elle raconta que son fils, Auguste Bordes, un employé qui habitait la maison, était descendu prendre un verre dans la soirée, et qu’il se trouvait parmi les arrêtés : « S’ils s’étaient contentés de l’arrêter, ajouta-t-elle en sanglotant, mais ils l’ont à moitié assommé. C’est épouvantable ! »
Il fut libéré le 9 mars après avoir été fiché comme anarchiste.
Auguste Bordes est décédé en décembre 1896 des suites d’un abcès intestinal et a été enterré le 24 décembre.
Selon Le Libertaire (24 décembre 1896), « c’était un de ces jeunes hommes qui ont eu la chance de se développer au sein d’un milieu anarchiste et qui, avec l’enthousiasme de l’adolescence et la conviction raisonnée de l’âge mûr, se lancent ardemment dans le mouvement révolutionnaire ».