Dictionnaire international des militants anarchistes
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Y’en a pas un sur cent… et pourtant des milliers d’hommes et de femmes de par le monde, souvent persécutés, embastillés, goulagisés et parfois au prix de leurs vies, ont poursuivi leur chevauchée anonyme à la recherche d’un impossible rêve : un monde sans dieux ni maîtres.

DERVIEUX, Jean, Célestin “L’ABRUTI”

Né le 9 mars 1856 à Pélussin (Loire) — Forgeron ; colporteur — Lyon (Rhône)
Article mis en ligne le 24 février 2007
dernière modification le 8 août 2024

par R.D.

Célestin Dervieux, qui avait sans doute collaboré au journal Le Droit social (Lyon, 24 numéros du 12 février au 23 juillet 1882) organe de la Fédération socialiste révolutionnaire regroupant la plupart des anarchistes de la région, puis avait été avec Clovis Demure l’un des respon, sables du journal L’Alarme (Lyon, 8 numéros, 14 avril au 1er juin 1884), fut gérant à partir du n°4 (18 septembre) de l’hebdomadaire anarchiste La Lutte sociale fondé en août 1886. Le secrétaire de rédaction du journal, Bordat avait été arrêté avant même la parution du premier numéro (28 août) et condamné le 30 août à 4 mois de prison et 5 ans d’interdiction de séjour pour « outrages à un commissaire de police dans l’exercice de ses fonctions ». Pour accroître les ressources du journal, les rédacteurs organisèrent une tombola dont les lots principaux étaient un mousqueton, un revolver, un pistolet et un couteau de chasse ; le tirage eut lieu le 26 septembre 1886 ; Dervieux, gérant, fut condamné par le tribunal correctionnel de Lyon, le 8 octobre, à 16 f d’amende pour avoir, sans autorisation, organisé une loterie ; sur appel du ministère public la peine fut élevée à 100 F d’amende et quinze jours de prison. Le journal, qui connaissait déjà des difficultés financières, ne put se relever de ce nouveau coup et cessa de paraître après le sixième numéro daté 2 octobre 1886.

Dervieux fut membre du « Groupe de la Guillotière et des Brotteaux » le plus important des groupes anarchistes lyonnais créés au début de l’année 1890 (Voir Blonde). Le 8 février 1887, il fut soupçonné d’avoir été avec Puillet, Bergue et Vitre l’auteur des deux attentats à la bombe commis contre le palais de justice, mais l’instruction n’alla pas plus loin. Il partageait alors une chambre avec le compagnon Aubert, 25 chemin de la corne de cerf, au premier étage du café Les Lilas, tenu par le compagnon Louis Michel.

Dans la soirée du 25 février 1887, sortant d’une réunion chez Michel avec quatre autres compagnons, il fut arrêté après avoir opposé une vive résistance pour “tapage nocturne”, avait traité un agent de “salaud” et fut condamné en flagrant délit à un mois de prison pour « outrages à agents ». Lors de l’audience il s’était notamment plaint d’avoir été roué de coups à son arrivée au poste de police et avait accepté la responsabilité de l’insulte, ajoutant : « Si j’ai été en révolte contre les gardiens de la paix, je considère ceci comme une manifestation de la loi naturelle dite Liberté, la seule que je reconnaisse et que je subisse ». Au moment de son arrestation, la police avait trouvé sur lui divers papiers dont 8 cartes d’invitation à un banquet de commémoration de la Commune devant se tenir le 18 mars suivant, le récépissé de publication de La Lutte Sociale, un brouillon d’article, une lettre de Mazoyer et les numéros 43 et 44 de Le Révolté.

En décembre 1888 il était membre de la Chambre syndicale des hommes de peine de Lyon dont L. Puillet était le secrétaire.

Fin avril 1890, Dervieux avait dû fuir en Suisse pour échapper aux arrestations opérées en vue de prévenir de possibles manifestations dans la ville de Lyon, à l’occasion du 1er mai.

Dans le but de remédier à l’éparpillement des groupes anarchistes lyonnais et de rattacher leur « Parti » à un ensemble régional plus vaste, Dervieux et le compagnon Puillet se rendirent à Vienne (Isère), le 5 juillet 1890, sur l’invitation des militants de cette ville ; il s’agissait d’étudier une éventuelle fusion des groupes de Lyon et de Vienne. Les travaux aboutirent à l’élaboration d’un texte que signèrent les vingt-trois délégués présents à Vienne, texte qui indiquait qu’il était fondé une fédération centrale des forces anarchistes locales dont le siège serait à Vienne ; mais cette fédération centrale était mort-née.

Dervieux, Puillet et Hugonnard représentèrent les anarchistes lyonnais à un congrès des groupes anarchistes de la région organisé à Genève par les anarchistes de la ville les 16-17 août 1890 en vue de regrouper les anarchistes sur le plan régional. Le congrès, auquel participèrent une vingtaine de délégués dont Octave Jahn, décida la création d’une Fédération internationale des revendications prolétariennes dont le secrétaire était Chomat et le trésorier Zograffoz. Il en fut de cette fédération comme de la fédération centrale, elle n’eut aucun succès auprès des militants.

En novembre 1890, Dervieux fut condamné par la cour d’assises du Cher à cinq ans de réclusion pour avoir fabriqué une centaine de pièces de 50 centimes. L’accusé se défendit en présentant la fabrication et l’émission de la fausse monnaie comme une application de ses opinions anarchistes. Le Rhône du 7 novembre 1890 rapporte que Dervieux s’échappa de la prison Saint-Amand en perçant, à l’aide d’un mauvais couteau, le mur d’une cheminée. Ce qui est certain, c’est qu’au 31 décembre 1894, date de révision des listes départementales d’anarchistes, il était toujours détenu à la Centrale de Riom.

En 1896, il fut à nouveau inscrit sur les listes d’anarchistes à surveiller dans le Rhône, mais le 6 août 1896, il fut déclaré disparu de Lyon et son signalement transmis pour recherches.

Le 28 février 1898, il était à Marseille où il accueillit Cyvoct lors de son retour en France après quatorze années de bagne.

Il figurait sur l’état vert n°1 et n°4 (avril 1904) des anarchistes disparus et nomades.

En juillet 1907 il fut arrêté à Lyon avec une dizaine d’autres compagnons — dont Arin, Beaupoux, Bernon, Bertholat, Chazeaux, Champaille, Noémie Gillet, Champin, Juliat, Laplanche, Joanny, Struble, Knudsen, Petraud et Marie Varnier — pour affichage et distribution de placards antimilitaristes et avoir interrompu aux cris de « A bas l’armée ! Vive le 17e ! » un concert de musique militaire tenu place Bellecour(cf. Le Libertaire, 4 août 1907).

Le 9 septembre 1909, Dervieux fut condamné par le tribunal correctionnel de Lyon à quarante jours de prison pour vagabondage. Il avait été arrêté par des gardiens de la paix qui l’avaient trouvé errant, sans domicile ni ressources. La police mentionne qu’à cette date, Dervieux avait déjà encouru cinq condamnations dans différentes villes pour outrage et rébellion, émission de fausse monnaie, évasion, vagabondage. Sa dernière condamnation remontait au 26 mai 1908 à Lyon : un mois d’emprisonnement. Toujours selon la police, Dervieux, depuis plusieurs années, vivait comme colporteur, sur le trimard.

Début 1911 il fut signalé de passage dans l’Ain.

Début 1920, avec le compagnon A. Suc, il tentait de former un groupe à Oullins.

Chansonnier amateur ayant une petite notoriété, on le vit fréquemment aux soirées familiales et autres tours de chant organisés en diverses occasions. Ainsi, il fut présent lors des soirées commémoratives de la Commune les 18 mars 1885, 1888 et 1889 et aux fêtes familiales de la noël 1886, et des 22 janvier 1887, 12 janvier 1896, 26 janvier 1896, 3 février 1901 et 12 mai 1901.


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