Dictionnaire international des militants anarchistes
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Y’en a pas un sur cent… et pourtant des milliers d’hommes et de femmes de par le monde, souvent persécutés, embastillés, goulagisés et parfois au prix de leurs vies, ont poursuivi leur chevauchée anonyme à la recherche d’un impossible rêve : un monde sans dieux ni maîtres.

CAPELO CABELLO, Alejo J.

Mort en novembre 1973 — Typographe — Guayaquil (Equateur)
Article mis en ligne le 15 novembre 2014
dernière modification le 7 août 2024

par ps

J. Alejo Capelo Cabello avait été à Guayaquil l’un des organisateurs de la société cosmopolite des cacahueros — (ouvriers triant le cacao et le mettant en sacs avant de les charger sur les bateaux — fondée lors d’une grève en mai 1908 et qui devint rapidement un bastion de l’anarchisme. La société en 1910 prit le nom de Tomas Briones du nom d’un membre de la société tué lors d’une grève.

Membre d’un centre d’organisation syndicaliste qui publiait l’hebdomadaire El Proletario dont il fut l’un des rédacteurs, il allait, suite à la rupture en septembre 1920 avec le Centre socialiste Equatorien, être membre du noyau fondateur de l’anarcho-syndicalisme en Equateur aux cotés notamment de Luis Maldonado Estrada, Segundo Llanos, Abel Gonzalez, Manuel Echevarria, Narciso Veliz, Justo Cardenas, Aurelio Romo et Amadeo Rojas, tous membres de la rédaction de El Proletario. Il participa également à la même époque à la fondation de l’Association syndicale des chantiers navals (Asociacion gremial del astillero- AGA) dont en 1923 il sera le secrétaire et autre bastion de l’anarchisme et de l’anarcho-syndicalisme.

Avec ce noyau militant au local de la Société Tomas Briones, il participait à la fondation le 15 octobre 1922 de la Fédération régionale des travailleurs de l’Equateur (FRTE) dont il allait être l’un des principaux animateurs avec Luis Maldonado Estrada, Narciso Veliz, M. Echeverria et Andres Avelino Mora. Dans les jours qui suivirent, la FTRE se solidarisait avec les cheminots en grève, lançait début novembre un mot d’ordre de grève qui, le 13 novembre devenait générale et paralysait Guayaquil où les travailleurs instituaient un « soviet ». Le 15 novembre lors d’une manifestation réunissant plus de 20.000 personnes, plusieurs affrontements armés avaient lieu avec les forces de l’ordre provoquant le massacre d’environ un millier de manifestants (hommes, femmes, enfants). Ce mouvement sera suivi d’une persécution des militants de la FTRE dont beaucoup seront emprisonnés, tués ou obligés à l’exil.

L’année suivante le mouvement anarchiste équatorien se scindait en deux groupes opposés notamment sur la question du soutien à la révolution russe et aux bolchéviques. Le premier groupe constitué autour du journal Tribuna obrera critiquait ouvertement les déviations bolchéviques et étatistes de la révolution et regroupait entre autres Alejo Capelo, Alejandro Atiencia, Eusebio Moriel et M. E. Lopez ; le second groupe appelé Hambre et animé notamment par Narciso Veliz publiait le journal El Hambriento, regroupait notamment Alberto Diaz, Joege Briones, Segundo Llanos, Urcisino Meza, Joé Barcos et Maximo Varelo et confirmait son soutien à la révolution bolchévique. Toutefois en 1924, et suite à un appel lancé par A. Capelo, les deux groupes se rapprochèrent et tentèrent parallèlement de revitaliser la FTRE qui toutefois ne pourra réellement se remettre de la répression et de la fondation en mai 1926 du Parti socialiste auquel adhèreront de nombreux militants de la FTRE dont plusieurs de ses dirigeants, notamment Luis Maldonado, Manuel Echevarria et Jorge Briones.

Alejo Capelo participa ensuite au groupe Luz y acción avec notamment son frère Carlos, le chilien Nestor Donoso, N. Peralta, M. E. Lopez, N. Villacis et Alejandro Atiencia, qui publia le journal éponyme Luz y acción et fut à l’origine en 1928 de la constitution d’une fédération des groupes anarchistes Michel Bakopunine qui l’année suivante réunissait 5 groupes : Redempcion, Tierra y libertad, Solidaridad, Halbre, et Luz y acción. En 1929-1930 il participa avec les compagnons équatoriens à la campagne de soutien au compagnon argentin Simon Radowitsky (voir ce nom).

En novembre 1929, suite à l’appui apporté par le groupe Luz y acción à des étudiants renvoyés de l’université, une nouvelle rupture se produisait dans le mouvement, menée par Narciso Véliz qui fonda alors le groupe « anti-intellectuel » Agitación prônant une critique radicale du savoir, de la science et de l’intelligence humaine responsables selon lui de tous les maux de l’humanité.

En septembre 1931 le groupe Luz y acción menait une campagne antiélectoraliste et participait aux manifestations du 1er mai 1932 au cours desquelles à Quito ils furent attaqués par ds groupes fascistes blessant plusieurs centaines de manifestants.

En 1934 A. Capelo participait à la reconstruction de la Société des cacahueros puis à la fondation d’une éphémère Union syndicale des travailleurs (UST) regroupant les travailleurs du cuir, de la banane, des tramways et du chantier naval (AGA) et dont les principaux animateurs étaient Eusebio Morel, M. E. Lopez Concha, Alejandro Atiencia et Albert Gonzalez.

Après l’arrivée au pouvoir de Federico Paez en septembre 1935, soutenue par les socialistes, une violente répression du mouvement ouvrier sera déclenchée. Alejo Capelo et son frère Carlos, propriétaires de l’imprimerie Tribuna libre où étaient imprimés les journaux anarchistes, firent partie des dizaines de militants accusés de « communisme » et déportés aux Galapagos. Le groupe Luz y acción fut alors dissous de fait.

Pendant la guerre et la révolution espagnole, il participa avec quelques derniers militants au soutien à la CNT-FAI.

Dans les années 1950 il avait avait fondé avec A. Atiencia le Noyau Equatorien, du mouvement anarchiste qui ne représentait que quelques individualités. Il collabora à plusieurs organes de presse dont le quotidien El Telegrafo et surtout à Tierra y libertad de Mexico avec notamment Alejandro Atiencia. A la mort de ce dernier en 1971, il était le dernier vieux militant en Equateur avant de décéder à Guayaquil en novembre 1973.

Œuvre : — 15 de noviembre 1922 : una jornada sangrienta.


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