Dictionnaire international des militants anarchistes
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Y’en a pas un sur cent… et pourtant des milliers d’hommes et de femmes de par le monde, souvent persécutés, embastillés, goulagisés et parfois au prix de leurs vies, ont poursuivi leur chevauchée anonyme à la recherche d’un impossible rêve : un monde sans dieux ni maîtres.

DELECOURT, Henri, Georges

Né le 8 février 1889 à La Madeleine (Nord) — Ouvrier du bâtiment puis représentant — UA- UAC — CGT — CGTU — Nord — Paris
Article mis en ligne le 16 février 2007
dernière modification le 5 août 2024

par R.D.

Henri Delecourt avait commencé à militer dans le Nord avant de gagner la région parisienne. Militant de la Fédération Anarchiste, il avait été arrêté en mai 1920 avec Petelot, J. Laporte, K. Nadaud, G. Lattes et A. Doucet et avait été inculpé « d’apologie du geste de Cottin » auteur d’un attentat contre Clemenceau et de « provocation de militaires à la désobéissance » pour avoir placardé l’affiche Aux grévistes soutenant la grève des cheminots, ce qui lui valait d’être condamné à quatre mois de prison. En 1920 il aurait été l’un des deux délégués de l’UA au Comité de Défense sociale (CDS).

Au printemps 1921, suite à la publication dans Le Libertaire (7 mai 1921) d’un manifeste de la Ligue des réfractaires et du groupe du XIIIe de l’UA, appelant à l’insoumission, il avait été arrêté et poursuivi. Condamné à 13 mois de prison, il écopait fin juillet ou début août 1921 d’une année supplémentaire pour avoir signé quelques mois plus tôt un manifeste contre la guerre. Il faisait appel pour obtenir la confusion des deux peines (cf. Le Libertaire, 12 août 1921). Depuis la prison de la Santé, il adressa une lettre au congrès de l’UA tenu à Villeurbanne les 26-27 novembre 1921 (voir Raitzon) dans laquelle il souhaitait que l’organisation nomme un bureau comprenant un secrétaire, un trésorier et des adjoints pour l’un et l’autre des postes. Il fut remis en liberté fin février 1922.

Au printemps 1922 il était, semble-t-il, le trésorier de l’UA. Il était membre du Comité d’initiative de l’UA (voir Ferande).

Secrétaire du groupe du XIIIe arrondissement et de l’Union anarchiste, il fut l’objet de plusieurs autres condamnations pour ses activités : le 4 septembre 1922 (par jugement de la 14e Chambre correctionnelle), puis en 1923 (tour à tour à treize mois de prison et 1 000 francs d’amende et à six mois et 100 francs) pour apologie de crime et de meurtre (campagne pour E. Cottin). Depuis la prison de la Santé, il fut le co-signataire avec Loréal et P. Lentente, d’une lettre d’adhésion au congrès extraordinaire de l’UA, tenu les 12-13 août à la Maison des syndicats où fut notamment adoptée l’édition quotidienne du Libertaire. En octobre suivant il fut libéré, mais, semble-t-il, une nouvelle fois poursuivi pour la même raison.

Il se confond sans doute avec Delecourt qui, en décembre 1923, fut délégué par le SUB (Syndicat unique du Bâtiment) avec Vallet et Charbonneau au IVe congrès de la Seine (CGTU).

Henri Delecourt assista au IIIe congrès de l’Union Anarchiste (UA) qui eut lieu à la Maison du peuple de Levallois les 2-4 décembre 1922 (voir Haussard) où il présenta un rapport financier. Lors du IVe congrès tenu à Paris, 12-13 août 1923, il était emprisonné, mais il adressa une lettre aux congressistes. Il présenta le rapport financier au congrès de Paris, 1er-3 novembre 1924, et devint un des deux administrateurs délégués du Libertaire quotidien (du 4 décembre 1923 au 26 mars 1925) où il remplaçait en décembre 1924 Pierre Lentente, poste qu’il occupera jusqu’en décembre 1925 où il sera remplacé par P. Mualdés.

En janvier 1924, suite aux affrontements où à la Maison des syndicats avaient été tués plusieurs compagnons — dont Adrien Poncet (voir ce nom) — par des communistes, il avait démissionné avec Lecoin du Comité Nicolau-Mateu (condamnés à mort en Espagne) où ils représentaient l’Union anarchiste.

Les 1-3 novembre 1924 il fut délégué au congrès de l’UA tenu dans la salle de l’avenue Mathurin-Moreau où il présenta son rapport financier en tant qu’administrateur du Libertaire quotidien, poste auquel il fut reconduit avec Queter. Ce même mois de novembre, il participa avec sa compagne Lily Ferrer (voir ce nom) au 2e emprunt pour Le Libertaire quotidien.

En février 1925, c’est lui, qui au vue des déficits accumulés, avait proposé de revenir à une formule hebdomadaire du Libertaire tandis que Bastien avait proposé la poursuite du quotidien mais sur une seule feuille grand format. Il appartint à la commission d’initiative constituée à l’issue du congrès de Pantin (31 octobre-2 novembre 1925) et fut réélu dans ces mêmes fonctions au congrès de l’Union anarchiste communiste qui se tint à Orléans, 12-14 juillet 1926.

En 1927, H. Delecourt, qui était membre de la minorité de l’Union anarchiste (UA), quitta la Seine et s’installa en Seine-et-Oise, une première fois (mars 1927-février 1929). Après un court séjour à Louviers (Eure) où il fit de mauvaises affaires dans une fabrique de confections, il revint se fixer en Seine-et-Oise (janvier 1930) à Gagny, (boulevard des Pyrénées, tandis que son activité professionnelle s’exerçait à Paris : il y fut tour à tour agent de publicité puis représentant en accumulateurs pour automobiles.

Delecourt, qui eut pour compagne Lily Ferrer, dont il eut une fille, devint l’adjoint d’un camarade qui avait financièrement réussi. Il contribua d’ailleurs à la campagne en faveur de Sacco et Vanzetti ainsi qu’au comité d’aide à Nestor Makhno.