Né dans une famille d’agriculteurs dont le père était membre de la CNT, German Arrue, surnommé Tiroi à Benaguacil, était en 1936 militant des Jeunesses libertaires (FIJL). Au moment du coup d’État franquiste de juillet 1936, il se trouvait dans la zone de Teruel avec plusieurs autres ouvriers agricoles venus participer à la récolte du blé. Mobilisé dans un régiment d’artillerie, il s’occupait du transport de munitions en camions sur les fronts de Teruel, Lerida et l’Ebre.
Passé en France le 2 février 1939 lors de la Retirada il fut interné dans divers camps (Saint-Cyprien, Barcarès et Argelès) puis enrôlé dans une compagnie de travailleurs étrangers pour aller travailler dans une poudrière. Après l’Occupation de la France et bien qu’il se trouvait en zone libre, il s’engagea dans la Légion étrangère, fut transféré en Afrique du Nord et envoyé combattre en Tunisie. Après l’armistice, comme de nombreux autres espagnols il déserta de la Légion et rejoignit l’armée de la France libre.
En 1943, lors de la formation de la 2e Division Blindée du général Leclerc, et sous le nom de José Ortega, il intégra la 9e compagnie du 3e Régiment appelée la Nueve, étant pratiquelent entièrement formée de républicains espagnols. Il refusa tout grade, « n’ayant jamais aimé commander » et fut simple soldat sur le half-track Teruel.
Le 24 août 1944, avec ses camarades de la Nueve, il fit parie des premiers véhicules (Ebro, Teruel, Guadalajara…) de la 2e DB qui pénétrèrent dans Paris insurgé et arrivèrent jusqu’à l’Hôtel de Ville. Après avoir participé à la réduction des poches de résistance allemande et à la descente des Champs Elysées le 26 août avec De Gaulle, il poursuivit ensuite la guerre avec la Nueve : prise de Strasbourg (septembre 1944), puis en Allemagne, libération du camp de concentration de Dachau et prise du « nid d’aigles » de Hitler à Bertchesgaden aux cotés notamment de Martin Bernal, Manuel Lozano, Federico Moreno, Fermin Pujol et Daniel Hernandez.
Après avoir refusé de partir poursuivre la guerre en Indochine avec Leclerc, German Arrué fut démobilisé et refusa alors la nationalité française. Il travailla ensuite comme ouvrier coiffeur à Paris, épousa la jeune française qu’il avait rencontré lors de Libération et alla s’installer à Lyon où, après avoir travaillé 3 ou 4 mois dans une usine de briques, il devint chauffeur de camions. Plus tard et afin de faciliter la vie quotidienne et les drots au travail et à la retraite, il accepta la naturalisation.
A sa retraite il s’installa chez l’un de ses fils dans un petit village du Pays basque où il devait décéder en juillet 2007. Ses cendres ont été dispersées au cimetière de Benaguacil.