Militant anarchiste communiste italien du groupe de Volghera (Pavie), Aldo Aguzzi Lucio d’Ermes exerçait une grande influence à la Chambre du travail où, selon un rapport de police de 1920 « il était le plus instruit et un des plus audacieux ». Le 13 avril 1920 il était arrêté pour avoir prononcé un violent discours lors d’une manifestation de soutien à un antifasciste.
En août 1923, pour échapper aux fascistes, il émigrait clandestinement avec sa compagne, Maria Agnese Caiani en Argentine. Avec entre autres Camillo Daleffe, Luigi Tibiletti, Carlo Fontana, Pasquale Caporaletti, Giacomo Sabbatini et Carlo Marchesi, il fondait le groupe Avvenire et le journal du même nom (Buenos Aires, 1er décembre 1923 — novembre 1925) dans les pages duquel il signait des pseudonymes de Lucio d’Ermes et Agal et entamait une campagne de solidarité avec les compagnons emprisonnés tant en Italie qu’en Union soviétique.
Partisan du dialogue avec le courant individualiste et expropriateur, il défendait les positions anarchistes communistes et s’opposait à la collaboration avec des groupes de la démocratie bourgeoise au nom de l’antifascisme, estimant que seule la révolution sociale pouvait libérer les travailleurs de Mussolini. En 1925 il participait aux campagnes en faveur de Castagna et Bonomini ainsi que de Sacco et Vanzetti en publiant les journaux Agire (Buenos Airesn n°unique, 7 février 1925 en faveur de Sacco et Vanzetti), et Liberta (Buenos Aires, n°unique le 6 juin 1925 pour Sacco et Vanzetti) édités comme suppléments à L’Avvenire. Il collaborait à la même époque à la revue Culmine (Buenos Aires, 33 numéros du 1er août 1925 au 10 avril 1928) édité par Severo Di Giovann, à L’alba dei liberi et Pampa libre (1922-1930).
En février 1927 il éditait un nouveau titre Il Pensiero (Buenos Aires, 10 numéros du 13 février à septembre 1927), et collaborait à L’Adunata dei refrattari de New York. Le 14 novembre 1927, lors de la grève générale en faveur de Radowitzki il prononçait un violent discours contre le fascisme. En décembre 1927 il était arrêté suite à un attentat commis contre la National City Bank après l’exécution aux États-Unis de Sacco et Vanzetti. A partir de janvier 1928 il publiait un nouveau titre L’Allarme (Buenos Aires, 14 numéros du 25 janvier1928 au 1er mai1929) où il menait en particulier une campagne en faveur de la libération de Simon Radowitzki du bagne d’Ushuaia.
En mars 1929 il critiquait dans les colonnes de L’Allarme Diego Abad de Santillan pour sa dénonciation parue dans La Protesta des anarchistes expropriateurs et en particulier de S. Di Giovanni. Puis à partir d’avril 1930 il éditait, avec Severino Di Giovanni et Americo Scarfo, le journal Anarchia (Buenos Aires puis Montevideo, avril à octobre 1930) puis après la prise du pouvoir en septembre du général Uriburu et la mise hors la loi des anarchistes, s’exilait à Montevideo. A la fin de la dictature de Uriburu fin 1932 il retournait à Buenos Aires et publiait le journal Sorgiamo ! (Buenos Aires, 7 numéros décembre 1932 au 1er mai 34) où il dénonçait le corporatisme et le social fascisme mussolinien.
Il avait également collaboré, aux revues Superacion (Buenos Aires, 1925) et sans doute sous le pseudonyme Clare Hope à la revue Elevacion (Buenos Aires, 1929).
Au printemps 1937, il partait pour l’Espagne, où après l’assassinat par les staliniens de Camillo Berneri, il intégrait la rédaction de Guerra di classe (Barcelone, 30 numéros d’août 1936 au 30 novembre 1937) où il dénonçait la politique criminelle suivie par les communistes. En novembre 1937 il abandonnait la rédaction du journal « pour des raisons personnelles » et intégrait la rédaction du quotidien de la CNT Solidaridad obrera. Parallèlement il collaborait toujours à L’Adunata dei refrattari. Le 28 novembre 1937, co-signataire avec les militants argentins Jacobo Prince, J. Grunfeld, J. Maguid… d’un manifeste de soutien à la CNT-FAI. En mai 1938 il s’installait à Marseille d’où il continuait à dénoncer les agissements des staliniens en Espagne où de nombreux compagnons étaient toujours emprisonnés.
Puis il retournait à Buenos Aires où i collaborait à La Obra et l vivait chez le compagnon Cirrado Maccarella et entamait une série de conférences à travers le pays ; il allait « sans le sou en poche, comme les fameux lingera argentins, tenant ses réunions, distribuant des manifestes ou des tracts » témoigna Ugo Fedeli.
Le 31 mai 1939, Aldo Aguzzi se suicidait en avalant une dose de cyanure.
Oeuvre : — Economia fascista (en espagnol, 1935) ;