En 1942 René Cavanhié passait à la clandestinité et organisait des passages par l’Espagne pour rejoindre Londres. Il créait ensuite un groupe autonome de résistance dans le Lot. Après une courte adhésion aux Mouvements Unis de la Résistance (MUR) avec qui le contact était perdu après un raid allemand sur Figeac, son groupe adhérait fin 1942 ou début 1943 aux FTP. En représailles sa maison de Leymes (Lot) sera incendiée par une colonne SS. Sur cette période, René Cavanhié a témoigné :
« Nous sommes à Saint-Céré, en 1944, dans le Lot. La résistance recherche un petit libraire de la ville, chefaillon de la Milice en fuite. Chou blanc ; Pierre Poujade a disparu. On en reparlera dix ans plus tard.
Pour marquer son pouvoir dans la France occupée par les nazis, la résistance organise une grande cérémonie en plein jour, en pleine ville… Et les maquis défilent au milieu de la foule qui applaudit… Les maquisards sont jeunes. Leur armement est disparate. Les défroques civilo-militaires n’évoquent en rien un défilé du 14 juillet… La foule ricane gentiment. Soudain, le silence. Puis, dans un brouhaha étonné, on entend le martellement des talons d’une troupe entrainée. Apparaissent des maquisards vêtus du même uniforme impeccable. Les armes sont tenus réglementairement. La cadence et les alignements feraient la joie d’un vieil adjudant… Ce ne sont plus des gamins qui défilent, mais des hommes de 30 à 40 ans… J’entends autour de moi “ça ce sont des soldats”, “Enfin des militaires”. Un commandement sec, et la colonne s’arrête comme un seul homme. Je regarde « l’officier » qui donne des ordres : il mesure 1m50 environ. J’en ai déjà entendu parler. Tout s’éclaire : ces parfaits militaires sont des anti-militaristes de la CNT-FAI. Ils ont tous participé à la guerre d’Espagne.
J’apprendrai que l’État-major des FTP les jette dans tous les coups durs. Parce qu’ils sont les plus aguerris et, de loin, les meilleurs combattants des maquis ? Pour se débarrasser de militants anarchistes ? Va savoir. » Puis R. Cavanhié démissionnait de la résistance lorsque l’on parlait de militariser les groupes.
Adhérent à la Fédération Anarchiste (FA) dès sa reconstruction en 1945 et membre de la commission d’auto-défense, il habitait alors à Vincennes et figurait sur les listes de domiciles à surveiller par la police. Il était en 1949 le secrétaire aux relations internationales et à ce titre participait au congrès international de Paris les 11-19 novembre 1949. Membre de la Commission de Relations Internationale Anarchiste (CRIA) il collaborait au Libertaire sous le pseudonyme de Cavan. Il a également collaboré ultérieurement à Liberté de Louis Lecoin et dans les années 1970 au Réfractaire de May Picqueray.
René Cavanhié est décédé le 21 août 1996 à Juvignac.
Oeuvre : — Révolution au paradis (1958) ; — “Poèmes et chansons anarchistes” (Ed. Culture et Liberté, 1983) — Les esprits frappeurs de Vailhauquès(1988) ; il a obtenu en 1974 un prix littéraire international.