Fils d’Auguste et d’Elvina Picard, Charles Chatel avait d’abord été possibiliste, fréquentant les réunions du groupe Le coup de feu et collaborant au journal L’Egalité et avant de devenir anarchiste en 1890.
Il avait tenté à l’automne 1890 avec Paul Fischer de lancer un nouvel organe bimensuel La Revue libertaire dont nous ne savons pas si il est parue. En août 1891, il annonçait également la parution de L’Anarchie « s’il ne lui arrivait pas d’accident d’argent » qui allait paraître comme quotidien puis hebdomadaires de septembre 1890 à août 1891 et dont il fut l’un des rédacteurs avec P. Martinet.
En 1890 il aurait été l’auteur du manifeste Aux Conscrits ! publié par le groupe la Jeunesse Libertaire.
Il fut à partir du n°29 (19 novembre 1891) le gérant du journal L’En Dehors (Paris, 91 numéros du 5 mai 1891 au 19 février 1893) fondé par Zo d’Axa et où il avait remplacé Ritzerfald et qui lui valut, semble-t-il, une condamnation à 1.000 francs d’amende (27 janvier 1892) piur "outrages aux bonnes moeurss" Il fut lui-même remplacé à ce poste en janvier 1892 par Louis Matha.
Lors des rafles et des perquisitions de mars-avril 1892, il avait été arrêté et poursuivi pour avoir déclaré aux agents : « On ne discute pas avec des gens comme vous, on les supprime !" ce qui laui avait valu d’être condamné à 15 joours de prison.
En 1893 il participa à la rédaction de la Revue anarchiste (Paris, 8 numéros du 15 août au 1er décembre 1893), revue à la fois artistique, politique et littéraire dont le gérant était Henri Guérin, puis à La Revue libertaire (5 numéros du 15 décembre 1893 au 20 février 1894). Il demeurait alors, semble-t-il, 32 rue Gabrielle. Il aurait auparavant résidé 6 rue de la Harpe, adresse figurant sur un carnet de Sébastien Faure saisi au printemps 1892 lors d’une perquisition.
Le 6 août 1894, après avoir ét arrêté le 4 mars, il fut impliqué dans le procès des trente avec entre autres Sébastien Faure, Jean Grave, Matha, Félix Fénéon et une dizaine de militants illégalistes, tous étant poursuivis pour « association de malfaiteurs ». Lors de son interrogatoire, il avait déclaré être « un anarchiste irréductiblement rebelle à toute entente, à toute association ». L’avocat général Bulot, dans son réquisitoire, chercha à prouver qu’il y avait eu entente entre théoriciens et illégalistes, mais dut néanmoins, devant l’absence de preuves, abandonner l’accusation pour certains et admettre, pour d’autres, les circonstances atténuantes.
En fait, tous les accusés, dont Chatel, furent acquittés, sauf trois illégalistes, Ortoz(quinze ans de travaux forcés), Chericotti(huit ans de la même peine), et Bertani
A sa libération de la prison de Mazas, il avait été acceuilli chez Marie Huot qui pendant sa détention lui avait fait parvenir quelsques subsides.
Son nom figurait alors sur une liste d’anarchistes établie par la police des chemins de fer pour “surveillance spéciale aux frontières”.
Chatel collabora ensuite au bimensuel Le copurrier social illustré (Paris, 4 numéros du 1er novembre au 16 décembre 1894) fondé par André Ibels, à L’Oeuvre sociale (Marseille, 6 numéros de février à juin 1895) dont le gérant était Léon Parsons, et au quotidien La Renaissance (Paris, au moins 125 numéros du 24 décembre 1895 au 27 juillet 1896) sous-titré « L’Homme libre sur la Terre libre » et dont le fondateur et animateur principal était Paul Martinet.
Charles Chatel, qui avait participé à la campagne abstentionniste lors des élections municipales de mai 1896, est décédé en juin 1897 de la phtisie dont il souffrait depuis de nombreuses années.
Le journal local Le Phare de Montmartre (Paris 18e) dans son numéro 32 (été 1895) a publié un article de H. Zisly sur Chatel.