Dictionnaire international des militants anarchistes
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Y’en a pas un sur cent… et pourtant des milliers d’hommes et de femmes de par le monde, souvent persécutés, embastillés, goulagisés et parfois au prix de leurs vies, ont poursuivi leur chevauchée anonyme à la recherche d’un impossible rêve : un monde sans dieux ni maîtres.

ANDRIEU, Clovis

Né le 27 juin 1876 à Pont-Rémy (Somme) — mort en décembre 1936 — Charpentier en fer — CGT — CGTSR — Paris — Firminy & Villeurbanne (Rhône)
Article mis en ligne le 7 avril 2007
dernière modification le 8 août 2024

par R.D.

Ouvrier charpentier en fer, Clovis Andrieu devint secrétaire du syndicat de la Seine, assista comme délégué au XVe congrès national corporatif — 9e de la CGT — et conférence des Bourses du Travail tenus à Amiens du 8 au 16 octobre 1906. Il y représentait les briquetiers potiers et parties similaires du département de la Seine. Il fut également délégué au XVIe congrès, Marseille, octobre 1908, et au XVIIe, Toulouse, octobre 1910. Il était également membre de la commission administrative de la Bourse du travail.

Le 17 septembre 1909, lors d’une réunion des charpentiers en fer grévistes il avait « encouragé ses camarades à corriger les jaunes comme ils le méritent et à envoyer les planchers trop bien montés rejoindre le rez-de-chaussée » ; lors d’une autre réunion le 20 septembre il demandait « aux camarades de faire tout leur possible pour empêcher toute tentatives de reprise du travail » (rapports de police des 18 & 21 septembre)

Domicilié à Montreuil, 47 rue de Rosny, il avait invité lors d’une réunion des serruriers en grève le 30 mai 1910 « Les grévistes à pratiquer le sabotage et l’action directe » et insistait « particulièrement pour l’usage de la machine à bosseler et la chaussette à clous » (rapport de police, 31 mai 1910).

Il fut condamné le 4 juillet 1910 par le tribunal correctionnel de la Seine, à 50 francs d’amende pour entrave à la liberté du travail, et le 2 avril 1914, ainsi qu’une quinzaine de ses camarades dont Yvetot, à huit mois de prison et 100 francs d’amende par le tribunal correctionnel de la Seine, pour avoir participé à l’œuvre dite « Sou du soldat », création syndicale destinée à venir en aide moralement et pécuniairement aux jeunes syndiqués accomplissant leur service militaire.
Le 20 octobre 1910 il avait été l’objet d’une perquisition opérée en vertu de la loi du 15 juillet 1845 (sabotages de voies ferrées) qui ne donna aucun résultat.

Le 10 juin 1911, lors d’une réunion publique à Montreuil, il « s’était étonné que les syndiqués ne se ruent pas sur les portes de la Santé pour en faire sortir les emprisonnés » et avait fait « Le procès de la loi des retraites ouvrières, engageant les syndiqués à brûler leurs livrets » (rapport police, 12 juin 1911).

Mobilisé en 1914, il fut affecté en 1915 à Firminy, probablement aux “Aciéries Verdié” (où il aurait exercé la profession de « chauffeur »).

Sa première manifestation publique, si l’on excepte une lettre envoyée en décembre 1915 à L’Union des Métaux, par un « mobilisé, ancien secrétaire de Fédération similaire à la vôtre », et dont on ne peut attribuer avec une entière certitude la paternité à Andrieu, fut une réunion « clandestine » du syndicat des métaux de Firminy, où il affirma devant 200 personnes : « Cette réunion a été interdite par le préfet et le patron, car ils craignent de nous voir suivre l’exemple des ouvriers de Paris, où les patrons, forcés par l’organisation syndicale, ont dû accorder une augmentation de salaire […] Les syndiqués de la Loire demandent l’égalité, mais s’ils n’obtiennent pas satisfaction, ils répondront par l’illégalité. […] La guerre actuelle a été voulue par les Holtzer, les Verdié, les Krupp, et par tous les capitalistes et usiniers de tous les pays ». À la suite du renvoi au front de Courrioux pour propagande pacifiste, et de la démission de Pichon, il devint secrétaire du syndicat des Métaux à titre provisoire, puis à titre définitif à l’assemblée générale du 25 mars 1917. Son action alors, contribua à faire du syndicat des métaux de Firminy, le pôle de développement de l’action syndicaliste et pacifiste du département. La première action d’envergure, fut entreprise pour l’obtention d’un bordereau de salaires ; la négociation dura plus de trois mois, et Andrieu se multiplia, rencontrant le préfet Lallemand, le ministre de l’armement A. Thomas, le contrôleur général de la main d’œuvre militaire, le capitaine Trévis. Parallèlement à la négociation, il organisa de nombreuses réunions publiques sur cette question, et le 19 juin 1917, le bordereau présenté par les syndicats était accepté prévoyant notamment une augmentation des salaires de 10 % et l’égalité de salaire entre hommes et femmes. Andrieu était en effet très attentif à l’organisation des femmes qui représentaient une part non négligeable des effectifs industriels, et impulsa la création d’une section féminine du syndicat des métaux à Firminy, exemple bientôt suivi au Chambon-Feugerolles et à Saint-Chamond. Mais le bordereau une fois établi, il fallut lutter pour son application devant la mauvaise volonté du patronat local. Dans les différentes réunions auxquelles il participa alors, on le vit soucieux de lier les revendications purement corporatives, à l’idée de la nécessité d’un changement social révolutionnaire, et surtout à l’idée d’une paix sans annexion. Le 2 novembre 1917 il déclara devant la section féminine du syndicat des métaux : « La vraie guerre, c’est avec les patrons que vous avez à la faire, c’est la lutte de classe ». Un mois plus tard à Rive-de-Gier, il devait préciser ses conceptions : « Nous aussi, nous voulons la victoire, mais non la victoire du droit, celle des exploiteurs, mais bien celle de la raison Nous voulons que les peuples soient victorieux pour eux, nous voulons que les exploiteurs qui empochent continuellement des millions rendent gorge ».

Il agit dans le même temps en faveur du regroupement des différents syndicats des Métaux et du Bâtiment au sein d’un comité intercorporatif, qui remplissant en partie les fonctions de l’U.D., fut le moteur de l’action pacifiste et révolutionnaire dans la Loire.

Les pouvoirs publics ne restèrent évidemment pas inactifs et le premier incident se produisit, lors du renvoi au front (en septembre 1917) du syndicaliste Noir, des usines Verdié, qui avait participé en juin 1917 à la négociation sur les salaires. Le préfet Lallemand avait gardé un assez mauvais souvenir d’Andrieu et lui aurait déclaré « je vous briserai, vous et vos syndicats, et je vous ferai retourner à votre dépôt » (c’est du moins, ce que disait Andrieu). En novembre 1917 le préfet, devenu chef de cabinet au ministère de la Guerre, fit connaître au général Dantant, commandant la 13e région, « qu’il fallait de toute urgence éloigner Andrieu des organisations ouvrières de la Loire ». Le général Dantant demanda donc le rappel d’Andrieu, présenté comme se livrant depuis longtemps à « une propagande dont je ne veux retenir que le caractère antipatriotique. C’est un meneur, un excitateur. »

Peu de temps après un meeting tenu le 25 novembre à Firminy, où il attaqua tout à la fois, le patronat qui ne respectait pas les accords signés, le gouvernement « hostile aux aspirations de la classe ouvrière », les syndicalistes majoritaires « qui ont fait cause commune avec les partis bourgeois dans l’Union Sacrée » et les politiciens en général : « quand le peuple élit des maîtres, il donne des verges pour se faire battre », il reçut ordre de rejoindre le 86e régiment d’infanterie, au Puy (Haute-Loire), le 27 novembre 1917.

L’après-midi du 27, la grève était votée à Firminy et Andrieu, empêché de partir par la foule massée à la gare, était porté en triomphe jusqu’à la Bourse du Travail. Le lendemain et les jours suivants la grève s’amplifia et s’étendit pour le retour d’Andrieu finalement parti au Puy. La plupart des centres industriels du département furent touchés, notamment les usines travaillant pour la défense nationale. Devant la gravité de la situation, les autorités cédèrent sur les revendications de salaires, et admirent le retour d’Andrieu qui revint à Firminy le 14 décembre.

L’autorité et le rayonnement d’Andrieu dépassaient alors le cadre de Firminy pour s’étendre sur l’ensemble du département ; le mouvement de la Loire était regardé par l’ensemble des minoritaires, notamment par le “comité de défense syndicaliste " comme un exemple encourageant.

Andrieu mit donc à profit la mobilisation réalisée à l’occasion de cette « affaire », pour orienter plus nettement l’action syndicale dans un sens pacifiste et révolutionnaire, déclarant notamment : « Si le mouvement des 210 000 grévistes avait duré 48 heures de plus […] alors c’était la révolution, alors c’était la paix. »

L’idée d’un « mouvement » pour mettre fin à la guerre était alors largement développée. Andrieu se déplaça dans les grands centres industriels de la région et, dans maintes réunions, la question qui domina fut celle de la paix ; ainsi à Saint-Étienne le 21 janvier : « La question première est celle de la paix… » Firminy fut là encore à la pointe du combat, et une manifestation de femmes de Firminy s’opposa le 31 janvier à Saint-Étienne au départ de la classe 1913.

Peu à peu, Andrieu et les minoritaires de la Loire, en vinrent à penser qu’ils pourraient être le centre d’impulsion d’un mouvement d’ampleur nationale. Le 2 février il déclara : « La Loire doit être capable de donner l’impulsion à la CGT pour un mouvement insurrectionnel… » De Roanne à Bourges, de Montluçon à Saint-Étienne, Andrieu répéta les mêmes propos, ce qui eut pour effet d’inquiéter les milieux gouvernementaux ; on fit courir le bruit, aussitôt répercuté par la presse, qu’Andrieu avait été arrêté, on envoya des troupes, on découvrit fort à propos une histoire d’espionnage à Saint-Étienne, et l’on accusa les syndicats d’être complices. L’accusation ne put tenir longtemps, et les troupes furent retirées, mais Andrieu, impressionné par l’ampleur de l’attaque décida qu’il fallait attendre des circonstances plus favorables : « soyons calmes, endormons les autorités, puis nous agirons brusquement ». Il préconisa alors le développement de l’action à la base, contre les conditions de vie et de travail et pour la paix, cherchant à la fois à tirer parti d’un mécontentement de plus en plus profond à la base contre le renchérissement de la vie et les conditions de travail difficiles, et du désir de paix, né de la lassitude face à la durée du conflit. Dans le même temps, il proposa par l’intermédiaire du congrès départemental tenu le 24 mars et du congrès interdépartemental du 25, de faire pression sur la CGT pour qu’elle tienne son congrès avant le 21 avril et, en cas de refus, de demander au CDS de l’organiser à sa place. Dans une lettre à Péricat, Andrieu résumait ainsi la situation le 13 avril : « Ici, deux mouvements de grève de solidarité en huit jours. Moral excellent, les troupes sont fraîches. »

Les minoritaires de Paris hésitèrent longtemps, avant de se résoudre à convoquer un congrès minoritaire pour la mi-mai. Andrieu et les minoritaires de la Loire tenaient à ce que sorte de ce congrès la décision d’un mouvement généralisé ; ils organisèrent donc avec beaucoup d’efficacité la mobilisation des ouvriers de la région, pour convaincre le congrès minoritaire de la détermination de la « base ».

Le premier élément de cette campagne de mobilisation fut le chômage du 1er Mai. C’est alors que se produisit un événement qui allait précipiter les choses : onze ouvriers des usines Verdié de Firminy furent licenciés pour avoir chômé le 1er Mai et abandonné ainsi leur poste, alors qu’une coulée avait été effectuée ; six d’entre eux devaient être traduits devant le conseil de guerre pour sabotage. Andrieu répliqua à cette « provocation » : « Nous donnons huit jours pour régler ce problème. Sinon la grève sera générale dans le bassin de la Loire d’un seul coup… »

En fait, Andrieu attendra jusqu’au 18 mai pour déclencher l’ordre de grève. Le choix de cette date n’était pas fortuit : à déclencher la grève trop tôt, on courait le risque de la voir s’essouffler, la décréter à la veille du congrès minoritaire était un moyen de pression important.

En effet, dès le début de la réunion, les militants de Firminy, pressèrent le congrès de décréter la grève générale, ce qu’il fit non sans quelques appréhensions (notamment de la part de délégués qui votèrent la décision dans l’enthousiasme d’un moment, mais qui se demandèrent aussitôt comment ils pourraient la faire appliquer).

Si dans la région de Firminy la grève fut totale, comme le constatait la direction des usines Holtzer : « Personne ne travaille ; il n’y a que la troupe, et c’est tout », si la grève s’étendit à tout le bassin de la Loire, ailleurs les appels à la grève générale restèrent souvent sans écho, sauf dans les grands centres industriels où se trouvaient des usines travaillant pour la défense nationale (Bourges, Moulins, etc).

Conscient que cette grève, en pleine offensive allemande pouvait être mal interprétée, Andrieu prit soin de bien mettre en avant la revendication pacifiste ; ainsi il déclara le 23 mai à Firminy : « Clemenceau m’a dit il y a une semaine qu’il y avait des éléments à la tête du mouvement ouvrier qui étaient capables de faire un mouvement révolutionnaire contre la guerre : c’est vrai ! Ce n’est point pour les jeunes classes, la grève, c’est pour tous les poilus du front. J’estime que les Français ont assez payé de leur sang. Vive la paix ! » Le lendemain, il devait déclarer au commissaire Oudaille, envoyé spécial de la présidence du Conseil : « Le point premier sur lequel nous nous battons et restons intransigeants : nous avons assez de la guerre, nous voulons la paix, et pour cela, un seul moyen, gagner tous les ouvriers à notre cause, arrêter de ce fait toutes les usines de guerre et paralyser ainsi la production des outils servant depuis quatre ans à nous entretuer. Pour cela, nous emploierons tous les moyens. »
Évidemment, le pouvoir ne resta pas longtemps sans réagir, bien que les dirigeants patronaux se plaignissent de la lenteur des réactions : « Les mesures prises sont grotesques, il n’y a pas de sanctions… Clemenceau n’est au courant que par la Préfecture, c’est dire qu’il n’est au courant de rien. Notre maître Andrieu fait ce qu’il entend ; il n’y a aucune raison pour que cela cesse puisqu’on ne prend aucune sanction » déclarait le 21 mai le directeur de l’usine Holtzer d’Unieux.

Alors que la grève s’essoufflait, cinquante militants dont Andrieu étaient arrêtés le 25 mai, transférés à Clermont-Ferrand, en instance de conseil de guerre pour provocation à désertion et complicité (41 seront finalement poursuivis).

Andrieu et les principaux dirigeants en prison, le mouvement s’effrita et les syndicats furent désorganisés, par le renvoi au front de bon nombre de mobilisés. De sa prison, Andrieu protesta contre les conditions de détention et la minceur des charges retenues contre lui et les autres militants : « L’accusation ne tiendra pas debout, mais en attendant nous subissons un régime qui ne devrait pas être appliqué. »

Andrieu fut libéré le 15 février 1919 et s’efforça à son retour dans la Loire, où il se fixa à Unieux, de réorganiser les syndicats. Son action porta alors sur des revendications corporatives comme la journée de huit heures, mais aussi politiques, comme la libération et l’amnistie pour les militants encore emprisonnés, et également la lutte contre l’intervention en Russie.
Le ton d’Andrieu, qui eut à se défendre des accusations portées contre lui : « Pauvre j’étais, pauvre je suis resté », n’avait rien perdu de son mordant. On le vit, très enthousiaste pour la Révolution russe, faire l’apologie du bolchevisme : « Le bolchevisme est né de la rapacité des capitalistes et sa création est le résultat de l’état social actuel… Qu’on le veuille ou non, la vague bolcheviste déferlera sur la France et nous ferons de Clemenceau, ce qu’ils ont fait du Tsar. » Parallèlement à ses prises de position révolutionnaires, où le discours de type syndicaliste révolutionnaire, se teintait de plus en plus de marxisme — « ce qu’il faut, c’est la suppression du salariat ». Il critiqua vivement l’action et le réformisme de la CGT, dans ses revendications comme dans son programme général : le 14 mai, il dénonça « La journée de huit heures accaparée par le patronat, grâce à la veulerie de certains personnages de la CGT que le contact des gouvernants et des bourgeois a infecté du venin capitaliste ». Dans le même discours, il dénonça le travail aux pièces, comme facteur de division au sein de la classe ouvrière. Son action s’orienta alors vers la défense des groupes les plus défavorisés, la main d’œuvre des Alsaciens-Lorrains recrutés par contrat et vivant dans des conditions très difficiles, et ceux qu’il appelait les « parias ». Mais il était isolé, et après l’échec d’une grève des Alsaciens-Lorrains que l’UD avait refusé de soutenir, il dut se mettre à l’écart tout en faisant face aux critiques qui l’accablaient. Merrheim en termes très violents le décrivit comme « L’exclu des coopératives, l’exclu du syndicat de la métallurgie, l’homme le plus malpropre que nous ayons connu », allusion à des détournements opérés sur les fonds d’une coopérative de Montataire (Oise). Andrieu eut beau jeu de répondre : « Comment aurais-je pu en être exclu, alors que je n’en n’ai jamais fait partie ». Merrheim avait en effet confondu (involontairement ?) avec un autre Andrieux, secrétaire en 1900 du syndicat des Métaux de Montataire.

L’accusation laissa des traces, mais Andrieu conserva la confiance des militants de Firminy. Délégué au congrès de Lyon, il s’opposa violemment aux secrétaires de la Fédération des métaux et à Dumoulin, sur le sens des événements de mai 1918. Dans son compte rendu du congrès, il précisa à Firminy ses critiques contre la CGT : « L’ancienne CGT et ses mandarins ont fait leur temps, place à d’autres pour la révolution, puisqu’ils ne veulent pas la faire. »

En effet, les références à l’expérience soviétique étaient de plus en plus nombreuses dans les discours d’Andrieu, prédisant l’imminence de la « dictature du prolétariat ». Mais en syndicaliste révolutionnaire qu’il restait fondamentalement, c’est à l’organisation syndicale qu’il assignait cette tâche. Syndicaliste révolutionnaire, il l’était encore dans son antiparlementarisme (« Je suis antiparlementaire, car tout est gangrené dans la République actuelle. Ne votez pas, car cela ne sert à rien »). Le 21 février 1920, il vint apporter, dans une réunion publique à Saint-Étienne, la contradiction à Merrheim et Jouhaux, qui ne purent d’ailleurs prendre la parole. Le 20 juin, il s’opposa à la motion Allamercery (qui proposait la suppression de l’incompatibilité entre mandat syndical et politique) qui visait à permettre à Chovet conseiller municipal socialiste, de briguer le siège de permanent de l’UD.

Par la suite, ses interventions dans la vie syndicale du département se firent plus rares ou plus discrètes. D’abord gestionnaire d’un baraquement à Firminy, puis reconverti dans les assurances, il était en fait diminué par un début de cécité. Il participa néanmoins à la création des CSR et fit campagne pour l’adhésion avec réserves à l’ISR. En mars 1923, il participa à une réunion du syndicat unitaire des métaux.

Parti à Villeurbanne, il représenta en mai 1925 la Fédération des locataires de Villeurbanne (Rhône) au IIe congrès des ouvriers métallurgistes de la région lyonnaise tenu à Saint-Étienne et il fut élu membre de la CE fédérale. Un article du Cri du peuple (hebdomadaire communiste de la Loire) le dénonça comme « membre de la troisième CGT » (la CGT-SR) pour avoir participé à l’attaque par les syndicalistes révolutionnaires du bureau de Lyon des syndicats unitaires. Et en effet, de 1928 à 1934, Cl. Andrieu appartint à la CA de la CGT-SR et y milita. Au 4e congrès de la CGTSR (11-13 novembre 1932) il avait été désigné avec Pierre Besnard comme représentant de ce syndicat au bureau de l’AIT.

La personnalité d’Andrieu était celle d’un meneur d’hommes, syndicaliste et révolutionnaire convaincu. Sa place dans l’histoire du mouvement ouvrier de la Loire et de notre pays, est restée longtemps méconnue ; il se trouva placé dans des circonstances particulièrement importantes, au centre d’une action pacifiste et révolutionnaire qui n’a pas en France d’équivalent. Il mourut en décembre 1936 à Lyon, solitaire et presqu’aveugle.


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