Jean-Louis Albaret arriva à Revin en 1889, venant de Bruxelles. Il travailla de mars 1889 à novembre 1890 à l’usine Morel, d’où fut renvoyé à cause de ses idées anarchistes. Des réunions anarchistes se sont déroulées chez lui en 1890, il y était question de créer un groupe. Chuillot, Druard, Jason, Nanquette et Milon assistaient à ces réunions.
Sa femme était aussi militante que lui, ils habitaient dans une maison ouvrière de l’usine Morel d’où ils furent expulsés car ils ne payaient pas le loyer. Sans moyen d’existence, il fut embauché par M. Druart, fondeur, qui le congédia en juin 1891 à cause de ses idées et de sa propagande anarchiste.
Le 26 juillet 1891 à Fumay, il participa à la réunion, annoncée par Le Père Peinard, où furent arrêtés Martin-Coupaye, Druard et Chuillot, accusés d’avoir participé aux attentats commis en juin à Charleville et Revin contre des gendarmeries et la maison d’un industriel.
Il fut alors recueilli par Druard puis chez Brichet au quartier de la Bouverie. Il travailla à l’usine Martin de juillet à décembre 1891. Arrêté pour vol de lapins le 2 décembre 1891, il fut condamné à un mois de prison. Renvoyé de l’usine Martin à la suite d’un soupçon de vol, il quitta Revin pour se diriger vers l’Aisne.
Il travailla à Guise (Aisne) puis vint habiter à Saint-Michel (Aisne) en 1892. Il fut soupçonné par le premier adjoint de la commune de vivre au-dessus de ses moyens, ce qui entraîna une enquête de la gendarmerie. Au cours de cette enquête les gendarmes effectuèrent une visite au domicile d’Albaret et y arrêtèrent Gustave Mathieu qui résista, sortant un pistolet avant d’être maîtrisé. Ce pistolet double système Lefaucheux aurait été volé à la fonderie Nanquette. Albaret et un nommé Hennequin furent également arrêtés et conduits à la maison d’arrêt de Vervins.
Albaret avait connu Gustave Mathieu* en 1888 à Bruxelles. Mathieu était revenu à St Michel la première quinzaine de février, un vol avait été commis l’orphelinat le 11 février 1893. Mathieu fut acquitté par la cour d’assises pour ces vols.
A la mi avril 1894, Albaret fut arrêté avec Arthur Alavoine avec lequel il avait payé six débitants de Tupigny avec de fausses pièces de 1 franc en argent. Il avait sur lui une lettre de Gustave Mathieu, datée du 24 juillet 1893, où ce dernier lui demandait d’être présent au procès et de lui servir de témoin à décharge, mais aucun des deux n’avait sur lui de fausses pièces. Lors de la perquisition effectuée à leurs domiciles de Guise le 16 avril, la police ne trouva rien chez Albaret, mais retrouva chez Alavoine« des ustensiles, des produits chimiques et des débris de métaux qui démontreraient… que cet individu avait fabriqué de la fausse monnaie ».
Pendant son transfert de Wassigny à Vervins, Alabert aurait déclaré, « Je suis un anarchiste militant, mais je n’approuve pas les auteurs des bombes explosibles jetées chez les restaurateurs pour tuer et blesser des malheureux comme eux et moi. J’admire l’audace de Vaillant qui a lancé la bombe dans la Chambre des Députés. C’est là qu’il faut frapper », ajoutant que s’il en avait l’audace et la méchanceté, il aurait fait un coup au Sénat et qu’il n’avait aucun regret d’avoir hébergé Mathieu — qui était alors détenu à Laon — et, qu’à l’occasion il le referait. Il fut alors poursuivi pour « apologie de crime et association de malfaiteurs » tandis que Alavoine était inculpé de « fabrication de fausse monnaie ».
En août 1894, il fut condamné avec Alavoine à 5 ans de travaux forcés par la Cour d’assises de l’Aisne.